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Ma Ma (2015)
de Julio Medem
publié le mardi 7 juin 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 8 juin 2016


 


Julio Medem est un ancien diplômé en chirurgie reconverti dans le cinéma, dont la notoriété a franchi depuis longtemps les frontières de l’Espagne, avec notamment L’Écureuil rouge (1993), Tierra (compétition à Cannes 1996), Les Amants du cercle polaire (1998) et Lucia et le sexe (2001).

Ses films font le tour du monde et c’est le cas pour le dernier-né, Ma Ma, dont le titre joue sur le mot espagnol qui désigne à la fois la maman et le sein qui donne la tétée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce mélo, dans lequel le réalisateur n’y est pas allé de main-morte, avec un scénario truffé de décès, de coma, de cancer, de viscères, de radios, de chômage, de crise économique, d’accidents et de souffrances - en comparaison, Almodóvar paraît bien timide avec sa pauvre Julieta.


 

Pourquoi se priver du malheur des autres, surtout lorsqu’il est présenté d’une manière aussi glamour et photogénique ? Penélope Cruz n’a jamais été aussi belle et aussi bien photographiée que dans ce film dont elle est coproductrice.
Le réalisateur raconte que ce scénario dormait dans son tiroir depuis des années lorsque son amie Penélope lui a demandé, depuis Los Angeles où elle venait de s’installer, s’il n’avait rien pour elle. Elle a été séduite et on la comprend car, pour une actrice, forcément exhibitionniste, le sujet était en or. Se montrer malade à l’écran, interpréter la souffrance et l’humiliation d’une maladie incurable qui s’attaque sournoisement à ce qui représente à la fois la maternité et le symbole de l’érotisme, quoi de plus tentant quand on est aussi belle que la Cruz, qui s’y donne à fond avec son éblouissant talent.


 

Il est cependant dommage que les invraisemblances du film n’en fassent qu’un conte, légèrement catho-progressiste, magnifiant la maternité, l’amour maternel et filial, et la foi sous des aspects plus ou moins de pacotille.

Un tel scénario, traité par Bergman ou Pialat, aurait pu donner un monument d’angoisse ou de rage contre la cruauté de la vie. Ici, rien de tel : on présente un visage radieux et quasiment extatique même quand tout va mal et que la fin est proche.

Magdalena, l’héroïne, fait des rencontres aussi saugrenues que magnifiques - un entraîneur du Real Madrid quand son petit garçon rêve de devenir footballeur, un gynécologue chanteur quand elle est gravement malade -, qui permettent au film de basculer du rire aux larmes ou vice-versa, sans crier gare.


 

C’est le monde des bisounours à l’espagnole, entre bel appartement, clinique hi-tech et plage avec cocotiers. Bref, une vision de la vie un peu agaçante, pleine d’optimisme, alors que rien n’y prédispose aucun des protagonistes.
Par moments, ce n’est plus un film, mais une bande-démo pour une secte qui professerait le nec plus ultra de la méthode Coué, dans un volontarisme forcené qui permet "de vivre pleinement chaque instant" comme le déclare le synopsis officiel.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Ma Ma. Réal, sc, mont : Julio Medem ; ph : Kiko de la Rica ; mont : Ivan Aledo ; mu : Alberto Iglesias. Int : Penélope Cruz, Luis Tosar, Asier Etxeandia, Teo Planell (Espagne, 2015, 111 mn).

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