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Gieure, René (1911-2011)
Une vie, une œuvre
publié le vendredi 15 juillet 2011

René Gieure (1911-2011), vivant comme le cinéma

par Bernard Chardère
Jeune Cinéma n°338-339, été 2011


Il n’avait pas 100 ans, puisqu’il est né le 19 novembre 1911 à Bordeaux.

Un père typo ; deux frères qui lui font découvrir, l’un Rudolf Valentino, l’autre Griffith. C’est l’époque de Mon Ciné et de Cinéa, le temps du muet, que René Gieure a évoqué dans le n°15 de la revue 1895 : Souvenirs d’un cinéphile bordelais.

Anarchiste, naturiste, espérantiste, pacifiste - "Ça suffit, non ?" écrivait-il en 2005 - notre cinéphile passa la guerre 1939-1945… en prison, pour objection de conscience. Puis retrouvera Solliès-Pont et les copains de Joseph Estour, autour du drapeau noir. À Draguignan, d’abord typographe, il devient secrétaire à l’École normale, mais surtout animateur de ciné-club.

"Positif, je suis fidèle abonné depuis le n°1 : c’est la plus belle revue ! Au début, j’étais quelquefois irrité par des jugements trop abrupts. Abonné aussi à Jeune Cinéma, où écrit Jacques Chevallier, qui m’a mis le pied à l’étrier en me demandant de collaborer à Image et Son".

C’est ainsi qu’en 1951, René se retrouve à Paris, documentaliste à la Fédération française des Ciné-Clubs.
Plus tard, on le verra dans les CICI. Il fera don de sa bibliothèque à l’Institut Lumière. On le lira dans Cinéphiles 50, Cinéfolie.

"Aujourd’hui, concluait-il en 2005, plusieurs fois par semaine, je prends le car pour Toulon, où je suis les derniers films".
Il vient de nous quitter pendant son sommeil, autant dire : en pleine séance.

Fin mars 2011, Alain Pujols, son compère depuis vingt ans, nous disait que René écoutait la radio, refusait la télévision, entouré de photos découpées - "Jamais dans Positif, cette revue est sacrée !" -, levait les bras en l’air pour s’écrier "Vive le cinéma !".
Il chantait verre en main ("rivesaltes ou porto, c’est selon") à la santé de Faye Dunaway ou de Juliette Binoche.
C’est selon.

Alain : "Je lui amène à la maison des traces des saisons : mimosa, prunier en fleur, fleurs des champs…"
C’est selon.

La seule chose qui n’a jamais changé, pour René Gieure notre ami, était sa passion : "Vive le cinéma !"

Bernard Chardère
Jeune Cinéma n°338-339, été 2011

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