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Rester vertical (2016)
de Alain Guiraudie
publié le mercredi 24 août 2016

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 374, été 2016

Sélection officielle en compétition au festival de Cannes 2016

Sortie le mercredi 24 août 2016


 


Après le choc provocateur de L’Inconnu du lac (Un certain regard 2013), Alain Guiraudie se retrouve en compétition avec ce nouveau film étrange, radical, inclassable, aux envolées poétiques indéniables, à l’humour récurrent.

Au cœur de l’histoire, la question du sexe et de l’homosexualité est omniprésente, à la fois fascinante et effrayante pour Léo (étonnant Damien Bonnard), trentenaire, scénariste en panne d’inspiration, que l’on va suivre dans ses pérégrinations improbables, à travers différents lieux : une campagne verdoyante où il rencontre un beau jeune homme rétif et son grand-père, un causse lozérien où il fera un enfant à une bergère, qui habite avec ses deux autres enfants et son père dans une ferme isolée, une cabane au fond du marais poitevin pour une séance de psychanalyse écologique, une ville portuaire (Brest) et ses SDF…


 


 

Dans cette errance ponctuée d’allers-retours, Léo, incapable d’entrevoir une vie plus normale, marque des arrêts, tentatives vite avortées de se poser.

Guiraudie inscrit cette dérive dans une construction narrative habile, inspirée des films policiers où les rebondissements s’entrechoquent à mesure que les personnages se croisent en rencontres aussi folles qu’improbables.


 

"Au fond, dans ce film comme dans la vie, ce sont des choses qui viennent intuitivement et arrivent à trouver a posteriori leur raison d’être, leur sens, leur nécessité… et ça fait un film très jubilatoire à construire" explique-t-il.

Ainsi, au milieu de ce maëlstrom un peu dingue, joyeux et tragique, surgissent des interrogations sur la société d’aujourd’hui (suicide assisté, nostalgie d’une jeunesse perdue, procréation et GPA).


 

Plus ambitieuse et rigoureuse qu’il n’y paraît, cette fable atypique déroule des moments d’une crudité dérangeante (accouchement frontal, sexe féminin version Origine du monde, sodomie), des fulgurances oniriques (les loups) et des instants d’une tendresse absolue (Léo et son bébé).
Finalement, un objet passionnant.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 374, été 2016

Rester vertical. Réal, sc : Alain Guiraudie ; ph : Claire Mathon ; mont : Jean-Christophe Hym. Int : Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry, Christian Bouillette, Laure Calamy (France, 2016, 100 mn).

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