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Theeb (2014)
de Naji Abu Nowar
publié le mardi 22 novembre 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection Horizons de la Mostra de Venise 2014

Sortie le mercredi 23 novembre 2016


 


Sorte de western jordanien un brin métaphysique, Theeb est un film surprenant qui permet de découvrir à la fois une culture, un mode de vie et de magnifiques paysages.
Deux temporalités s’y font face, et se contredisent presque : l’une, celle de l’année 1916, lorsque la péninsule arabique était occupée par les Anglais ; l’autre, intemporelle, qui est celle des traditions et de la culture que Hussein, transmet à Theeb, son petit frère de 10 ans.


 

La thématique du puits s’offre dès l’ouverture, lorsque Hussein demande à Theeb de faire boire les chameaux, en puisant dans un puits, qui va traverser tout le film comme une métaphore de vie et de mort.


 
 


 
 

Outre les références au western, Theeb propose une réflexion sur des traditions millénaires. En effet, sont évoqués ici le principe, non négociable chez les Bédouins, de l’hospitalité qu’on doit offrir, même au meurtrier de son propre frère et la perte tragique de l’innocence pour un enfant qui va être obligé, en raison de circonstances dramatiques, de vivre en compagnie de l’assassin de son frère.


 


 

Ce n’est pas un hasard si le nom de cet enfant, fils du sheikh qui vient de mourir, "Theeb" veut dire loup. Dans la tradition bédouine, lorsqu’on devient un loup, on gagne le respect des autres, parce que l’animal est considéré à la fois comme rusé, intelligent, adaptable, mais aussi courageux et impitoyable. On devient donc quelqu’un qui peut réaliser l’impossible. "Hériter du nom Theeb à la naissance, c’est devoir assumer une certaine grandeur. Il y a à la fois un sens glorieux et tragique, déclare le réalisateur." Et c’est ce qui arrive à cet enfant, dès le moment où il décide de suivre son frère qui accompagne un soldat britannique et un Bédouin à la recherche d’un puits.


 

Ce voyage, truffé d’embûches et vraiment dangereux car infesté de bandits, devient pour Theeb un voyage initiatique dans lequel il devra utiliser tous ses sens pour éviter la mort par le soleil, la soif, les balles et la furie des hommes.


 

Pour son premier long métrage, Naji Abu Nowar nous offre un film d’une grande beauté, ode au mode de vie des Bédouins, qui n’avaient jamais encore été filmés. Tourné en Jordanie, dans trois lieux différents, le film s’enrichit de la références à Lawrence d’Arabie, (1) dont une partie a été tournée à Wadi Rum, base du tournage de Theeb. De ce point de vue, il s’agit d’une très belle réussite.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia) de David Lean (1962).


Theeb. Réal, sc : Naji Abu Nowar ; sc : Bassel Ghandour ; ph : Wolfgang Thaler ; mont : Rupert Lloyd ; mu : Jerry Lane. Int : Jacir Eid, Hassan Mutlag, Hussein Salameh, Marji Audeh, Jack Fox (Jordanie-Qatar-Émirats, 2014, 100 mn).



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