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Nous nous marierons (2016)
de Dan Uzan
publié le mercredi 8 février 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 8 février 2017


 


Autodidacte en cinéma, Dan Uzan, après avoir réalisé des courts métrages et un documentaire en 2012, Redouane, passe à la production-réalisation d’un long, avec Nous nous marierons, qui suit son personnage, Karim, et revient sur le milieu de la boxe, comme dans son documentaire.

Le film ne dure que 76 minutes, donc n’épuise pas le sujet, en laissant beaucoup d’éléments dans l’ombre, notamment les incessants mystères de l’amour.
La boxe n’est ici qu’un prétexte pour raconter, non pas l’histoire d’un boxeur, mais celle d’un amour, à moins qu’elle ne soit une métaphore du combat amoureux : donner, recevoir.
À la manière des romanciers du XVIIIe, mais de façon plus abrupte et moins sophistiquée, Uzan pose la question de l’amour, ou plutôt de la manière dont un homme et une femme peuvent s’aimer, à quel prix, et à quelles conditions, sans vouloir tenter de comprendre la curieuse alchimie qui fait naître - et, peut-être, durer - un couple.


 

En effet, rien ne prédisposait ce couple à se former : Faten, divorcée et mère d’un bébé, vivant chez son frère, tombe en amour pour Karim, boxeur amateur qui rêve de devenir champion professionnel jusqu’au jour où il se blessera. Ce sera alors l’heure du choix qui fait basculer toute vie de la jeunesse à l’âge adulte. Personne n’y échappe vraiment. Mais Uzan ne se penche pas assez, peut-être, sur la famille et la psychologie de ses personnages.

Il y a cependant de belles images, de beaux regards échangés, une belle mélancolie aussi chez des personnages qui savent intuitivement qu’ils ne pourront jamais devenir complémentaires, et pas seulement parce qu’ils n’appartiennent pas à la même classe sociale. L’union passe par bien d’autres méandres. Nous sommes ici, même si le réalisateur n’en a pas pleinement conscience, au cœur de la définition de l’amour par Platon : "Ce qu’on n’est pas, ce qu’on n’a pas, ce dont on manque" (Le Banquet).


 

En effet, l’amour apparaît tout au long du film, non comme une romance, ni comme une farce tragique, mais comme un simulacre, d’où cette fin abrupte que le réalisateur justifie : "Dans nos vies, on compose beaucoup plus avec du trouble qu’on ne trouve de réponses. Je voulais conclure sur ce trouble, ouvrir sur une question ouverte, pas réglée."
Un cinéaste, en tout cas un "œil", avec un style et un charme prometteur, est né. Souhaitons qu’il reste sourd aux sirènes de la comédie commerciale.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Nous nous marierons. Réal, sc : Dan Uzan ; sc : Orianne Mio Ramseyer, Esla Boutault-Caradec ; ph : Raphaël Rueb ; mont : Jean-Christophe Hym. Int : Karim El Hayani, Faten Kesraoui, Sylvia Bergé, Sofiane Kesraoui (France, 2016, 76 mn).

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