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Avant la fin de l’été (2017)
de Maryam Goormaghtigh
publié le mercredi 12 juillet 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection ACID du festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 12 juillet 2017


 


Même si la réalisatrice de ce petit bijou est née à Genève, elle insuffle à ce film la grâce, le courage et l’humour d’un film iranien.
C’est lorsqu’elle décide d’apprendre le parsi à l’Insalco, à Paris, que Maryam Goormaghtigh, d’origine iranienne, rencontre un soir de neige, dans un bar, les trois acolytes qui deviendront peu à peu les personnages centraux de son road-movie mélancolique, tendre et drôle. Lors de leurs rencontres, la cinéaste venait à chaque fois avec sa caméra et ces essais lui ont donné envie d’écrire un scénario, reprenant leurs conversations.


 

Arash, Ashkan et Hossein sont trois garçons iraniens, étudiants ou vivant en France. On ne saura jamais vraiment si cet exil est choisi ou subi, mais ils le vivent à la fois comme une fatalité et une belle opportunité. Arash a décidé de grossir pour ne pas faire son service militaire en Iran mais, ce faisant, il sait qu’il ne pourra plus y retourner. Un jour, n’en pouvant plus de cet entre-deux, il décide de quitter Paris et de retrouver malgré tout son pays d’origine. Ses deux amis décident alors de lui faire connaître la France profonde avant qu’il ne la quitte, d’où ce titre de conte oriental.


 

Traversant le pays, comme pour faire un cadeau d’adieu à Arash, ils nous font découvrir des fêtes foraines, des défilés dérisoires et des "gens de rien" comme chez Depardon, un des modèles de la réalisatrice.

Mais l’intérêt du film c’est, outre de nous montrer une France mélancolique et un peu désuète, loin du bling-bling de la télévision et des médias, de dépeindre trois garçons aux antipodes de l’image de machos qu’on pourrait en avoir. S’inspirant du corps imposant d’Arash qu’elle filme avec bienveillance, la réalisatrice dépasse le simple faux documentaire pour entrer dans la dimension du conte persan avec ses symboles, ses apparitions, comme celle de la Lune, les poèmes et l’espoir de voir changer le monde par l’amour et la douceur.


 

Les trois garçons sont très attachants et, lorsqu’ils rencontrent sur leur route deux jeunes filles, on ne va pas assister à des scènes de jalousie ou de rejet, mais à une manière de courtiser qui rappelle les comédies classiques.

Espérant qu’Arash tombera enfin amoureux et ne quittera plus la France, Maryam Goormaghtigh le dépeint dans certaines séquences comme une sorte de bouddha nonchalant ou comme le géant Rostam des contes iraniens. Il a la grâce poétique d’un être entre deux mondes qui manie l’humour et la dérision. Par exemple, lorsque ses copains lui demandent ce qu’il regrettera de Paris, Arash répond, non sans amertume : "le rayon des alcools de Carrefour ! "

Il faut voir ce premier long métrage prometteur, en attendant la suite - notamment une série documentaire pour Arte.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Avant la fin de l’été. Réal, sc, ph : Maryam Goormaghtigh ; mont : Gwenola Haulme ; mu : Marc Siffert. Int : Arash, Hossein, Ashkan (France-Suisse, 2017, 80 mn).

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