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Que Dios nos perdone (2016)
de Rodrigo Sorogoyen
publié le mercredi 9 août 2017

par Thomas Coster
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle au Festival de San Sebastiàn 2016

Sortie le mercredi 9 août 2017


 


Épuiser ironiquement les codes des films de genre semble être devenu la prédilection de Rodrigo Sorogoyen.
La critique avait salué Stockholm (2013), une apparente comédie romantique à la résolution spectaculaire. Avec Que Dios nos perdone, le réalisateur espagnol transforme avec intelligence un polar calibré en un drame intime et satirique. (1)

En août 2011, deux policiers madrilènes, Javier Alfaro (Roberto Álamo) et Luis Valerde (Javier Pereira), sont chargés d’enquêter sur des meurtres de dames âgées. Les Indignés occupent les rues sous une chaleur étouffante. La visite du pape, imminente, inquiète la hiérarchie, qui tâche de dissimuler au public les assassinats multiples, et se fait croire à elle-même qu’il ne s’agit que de cambriolages.


 


 


 

La première force du film tient au duo Luis-Javier. Le premier, Luis, est méprisé de tous, antisocial, et bègue. Son ami, Javier, est irascible et violent, s’attaque régulièrement à ses collègues, et risque en permanence la suspension.


 

La première moitié du film plante le décor des deux hommes, leur vie professionnelle et leur difficulté, et, pour pathétiques qu’ils soient, parvient à nous rendre leur association attachante et presque réaliste. Luis découvre assez vite que les vieilles femmes sont les victimes de viol, et, peu à peu, les deux hommes rassemblent certaines pistes.


 


 


 

Le ton change brusquement, après une superbe course-poursuite parmi les manifestants, qui amorce une rupture du film assez radicale. La suite est une plongée triste (mais haletante) dans la tête des personnages, leurs doutes et misères personnelles.
Cette seconde partie du film est sa grande réussite. S’y trouvent confondues les culpabilités de tous, meurtrier(s), enquêteurs, police en général, dans une montée en puissance des violences personnelles et institutionnelles.


 


 

On regrettera peut-être certaines lenteurs de la résolution, et un épilogue qui n’était pas indispensable. Toutefois, cela est peut-être le prix à payer pour cette intrigue à plusieurs facettes.
Que Dios nos perdone présente une Espagne pauvre, contradictoire et entre deux âges, dans laquelle ce polar surprenant prend une saveur particulière.

Thomas Coster
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Le film a reçu le Prix du meilleur scénario au Festival du film de San Sebastiàn 2016, le Prix Sang-Neuf au Festival du film policier de Beaune 2017 et Roberto Álamo a reçu le Goya de la meilleure interprétation masculine.


Que Dios nos perdone. Réal, sc : Rodrigo Sorogoyen ; sc : Isabel Peña ; ph : Alex de Pablo ; mont : Fernando Franco & Alberto del Campo ; mu : Olivier Arson. Int : Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira, Luis Zahera, Raul Prieto (Espagne, 2016, 126 mn).



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