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Une suite qui dérange. Le temps de l’action (2017)
de Bonni Cohen & Jon Shenk
publié le mardi 26 septembre 2017

par Anne Vignaux-Laurent
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection hors compétition du Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 27 septembre 2017


 


Fils de sénateur, politicien démocrate brillant (quoique modéré), vice-président de Clinton, prix Nobel de la paix en 2007, Al Gore est un homme important.

Son livre sur le réchauffement climatique (1) avait inspiré en 2005 le film de Davis Guggenheim, An Inconvenient Truth, au succès planétaire.
Douze ans après, voici la suite : An Inconvenient Sequel. Truth to Power.


 

Avec courbes et chiffres, et de somptueuses images qui se veulent percutantes (l’Arctique qui s’effondre et toute cette eau qui va jusqu’en Floride), Al Gore redémontre la pertinence de son combat, son urgence devenue extrême.
Tout y passe et il ne craint aucune image, la désertification, la violence des cyclones, la fonte de la banquise, les incendies à répétition, les séismes aux conséquences amplifiées, l’accumulation de richesses et de déchets, l’infernale pollution de l’air qui tue, la démographie galopante, les terribles et terrifiantes migrations, la planète vue de Sirius.


 


 


 


 


 


 


 

Il y a eu la Cop21. Puis, il y a l’élection de Trump dont il n’attend rien de bon.
Il va et vient devant des micros, de conférences en sommets, négocie des mini-accords astucieux, téléphone à ses relations, s’agite en espaces clos. Il fait ce qu’il sait faire. Un politicien consterné demeure un politicien.

Ce qui est touchant dans ce film, outre les images de fin du monde qui serrent le cœur, se trouve dans le décalage des titres anglais et français. "Truth to Power" ne veut pas dire "Le temps de l’action".

Cet homme de bonne volonté est conscient de son poids symbolique de lanceur d’alerte historique. Il surmonte les échecs et les déceptions, en militant qui ne renonce pas. Mais, issu d’un sérail à qui le monde appartient, il s’en étonne pourtant.

Il ne peut pas affirmer qu’il est déjà trop tard et qu’il a crié dans le désert. Alors il relance le sujet, et ose esquisser une question aux multiples facettes. Mis à part les réfugiés climatiques labellisés, quel est le lien souterrain entre le climat et les migrations, les crises sociales, et même, peut-être, le terrorisme, quel est le lien entre les humains et la Nature ?
"On ne sait pas" répond-il.


 

Le lion, qui fut si brave, commence à fatiguer un peu, il se bat encore, pourtant, à sa manière, courtoise, auprès des jeunes générations, avec, comme armes, des mots et des décorations.


 


 


 

À défaut d’avoir détourné seul l’irrésistible cours du capitalisme, il a dépassé le temps de l’action pour aborder le temps de la sagesse, dure loi de la condition humaine.
La dernière image est celle d’un vieil homme au dos lourd, enfin, peut-être, conscient de son impotence.

Anne Vignaux-Laurent
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

1. Al Gore, Earth in the Balance. Ecology and Human Spirit, Boston, Houghton Mifflin Harcourt, 1992.

Une suite qui dérange. Le temps de l’action (An Inconvenient Sequel. Truth to Power). Réal : Bonni Cohen & Jon Shenk ; ph : Jon Shenk ; mont : Don Bernier, Colin Nusbaum ; mu : Jeff Beal. Int : Al Gore (USA, 2017, 100 mn). Documentaire.

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