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Bricks (2017)
de Quentin Ravelli
publié le mercredi 18 octobre 2017

par Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie mercredi 18 octobre 2017


 


Dans la région de la Sagra, on suit la production en usine des briques rouges de Castille, avant de les voir jetées au rebut, concassées. Quentin Ravelli nous emmène ensuite de Valdeluz ville nouvelle à un quartier populaire de Madrid, Carabanchel de sinistre mémoire (1). Il entrecroise trois lieux, tresse trois motifs, trois manières de voir les différentes faces de la crise qui a fait plonger le pays.


 

Suivre le parcours de la marchandise - une référence à Genèse d’un repas de Luc Moullet (2) - matérialise les étapes de sa fabrication et de sa destruction. Montrer visuellement la crise de la surproduction, concrétisation de l’éclatement de la bulle immobilière financée par les crédits bancaires à risque.

Le maire de Valdeluz (UPyD, centre droit) sillonne en voiture les rues de sa ville fantôme. C’est en 2008 qu’il a vu disparaître les grues du paysage, l’abandon du projet urbain de la cité modèle et que "l’État a entamé sa longue descente aux enfers". Il court après le rêve de peupler sa ville avec des idées utopistes.


 

À Carabanchel, les expulsions des familles victimes du chômage et des crédits hypothécaires se multiplient. L’assemblée locale de la Plateforme des Victimes du Crédit apporte conseils juridiques et soutien solidaire pour empêcher les expulsions. Blanca, une immigrée équatorienne, y trouve un espace de parole pour surmonter son désarroi et sa honte. Elle a appris à se battre pour faire annuler sa dette.
Leur mot d’ordre : "Ce n’est pas une crise, c’est une arnaque !" (No es una crisis, es una estafa !). En espagnol, ladrillo, désigne la brique pour construire et, au sens figuré, symbolise le désastre économique.


 

Quentin Ravelli, chargé de recherche au CNRS, dont c’est le premier film, a effectué de nombreux repérages avec peu de moyens entre 2012 et 2015 afin de tourner avec le maximun d’efficacité en sept semaines.
En empruntant des voies transversales, il traduit par la matérialité de l’objet vu sous toutes ses faces le caractère immatériel des mécanismes financiers dont on voit les impacts tangibles avec les portraits de Blanca et du maire de Valdeluz et dans le combat de la PAH (Plataforma de Afectados por la Hipoteca).

Claudine Castel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Le nom de Carabanchel évoque la prison, construite par des détenus républicains en 1940 et détruite en 2008, en dépit des protestations de tous ceux qui voulaient en préserver le dôme comme lieu de mémoire, afin que ne soit pas effacée de l’histoire la répression franquiste.

Bricks. Réal, sc : Quentin Ravelli, image : Cécile Bodénès, Almuneda Sanchez son : Alvaro Silva Wuth mont : Catherine Mabilat, mont son Pierre Bariaud mixage : Matthieu Deniau musique originale : Thierry Mazurel, Yann Pittard (France, 2017, 83 mn). Documentaire.

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