Continuity Girls
Autrement dit scriptes
publié le vendredi 27 octobre 2017

par Sol O’Brien
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Le cinéma est une industrie, avec un très grand nombre, variable et parfois surprenant, de métiers. Il ne faut pas quitter les salles avant la fin des génériques, et on en apprend beaucoup, sur cet univers, et sur ses hiérarchies.
Wikipedia les énumère, ces métiers, et commence par le producteur.
Normal, c’est une industrie.

Parmi tous ces métiers, il en est un qui est sans doute le plus méconnu, et, certainement, pratiquement le plus nécessaire : celui de scripte.
Scripte, aka Continuity Girl ou Scripte Supervisor.


 

Méconnu et sous-estimé, probablement aussi parce que c’est un métier de femmes, elles qui tiennent pourtant les rôles essentiels des sociétés : la permanence dans tous les espaces de la reproduction et la lutte contre l’entropie naturelle des mondes et des humains. Comme aussi bien les secrétaires de direction, les mères, les maîtresses de maison, elles sont celles sans qui toutes les "directions" et toutes les "maisons" se cassent la gueule (sauf exceptions).


 

Dans une équipe et au long des tournages, qui se font le plus souvent dans le désordre, le métier implique la surveillance des garde-robes, des accessoires, des coiffures et des maquillages des acteurs, mais aussi, d’éléments plus fins et subtils : les échanges de regards, les tons des dialogues, les éclairages, et mille autres "détails" de haute couture, qui font le grand luxe des chefs-d’œuvre.

Cela suppose donc bien sûr, des apprentissages, mais aussi des talents particuliers : une concentration sans faille, une excellente mémoire, une profonde compréhension du scénario et de la vision du réalisateur, un accompagnement des infinies nuances créées par le chef op’, une conscience prospective de l’essentiel travail du montage.


 

Le nom anglais, "Continuity Girl", est révélateur.
Révélateur aussi est le mot qui répertorie leurs travaux sur IMDB : miscellaneous, en français miscellanées : divers, mélanges.

La première, la pionnière du métier serait Sarah Y. Mason (1896–1980), en 1918, sur le tournage de Arizona de Douglas Fairbanks.
On veut citer aussi Jeanne Witta.

Dans le cadre des conférences du Conservatoire des techniques cinématographiques, le 8 février 2013, Sylvette Baudrot et Zoé Zurstrassen avaient fait une conférence, à la Cinémathèque française : Évolution du métier de scripte.


 

La Cinémathèque française, elle, avait proposé, en 2015-2016, un hommage à ce métier "hors du commun", avec une exposition,Le métier de scripte. Toute la mémoire du film, à l’occasion du dépôt des archives de Sylvette Baudrot.


 


 

Avec, dans ce cadre, le 2 octobre 2015, une conférence de Lauren Benoît & Joël Daire, en présence, notamment de Lauren Couturier. Autour du métier de scripte,


 

Deux amies nous ont quittés, en ce mois d’octobre 2017 :

* Catherine Prévert, le 7 octobre 2017.


 

* Zoé Zurstrassen le 21 octobre 2017.


 

Nous ne les oublierons pas, pas plus que les chefs d’œuvre auxquels elles ont contribué.

Sol O’Brien
Jeune Cinéma en ligne directe

Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts