Premier long métrage de Léonor Serraille, Caméra d’or, Jeune femme est le portrait d’une femme de 30 ans, à ceci près que celle interprétée par Laetitia Dosch bouscule toutes les statistiques possibles, à travers un itinéraire éclaté et chaotique. Actrice découverte par Justine Triet dans La Bataille de Solférino en 2013, elle travaille pour le théâtre, le cinéma, la danse, l’expérimental et collabore aussi aux Cahiers du cinéma.

Sa vie ressemble à ce film, ce film qui commence mal pour elle, lorsqu’elle se cogne violemment la tête contre la porte de l’appartement de son amoureux qui vient de l’abandonner. Elle se retrouve seule, dehors, dans Paris, la nuit.

À partir d’un scénario peu original, Léonor Serraille parvient à camper son personnage dans différents lieux de survie et à en faire une personnalité indépendante, forte, amusante, attachante, pleine de vie. Paula développe une énergie et une volonté sidérantes. À croire par instants qu’elle improvise, tant son jeu déborde de véracité, de simplicité, de spontanéité. Les rencontres sont hasardeuses, les postes précaires et risqués, les amitiés exigeantes ou peu fidèles, mais elle s’entête, résiste et, finalement, s’en sort.

Il y a dans ce film de la tendresse, comme une invitation à vivre aux côtés de Paula, à la suivre et à ressentir ses émotions, ses désarrois, ses tristesses, comme ses rires et ses enchantements auprès de la petite fille qu’elle garde, courts moments de répit dans sa vie, où elle se découvre aussi vulnérable et désirante que n’importe qui.
Jeune femme est un film de résistance devant la vie, l’amour, les hommes, parfois aveugles, et devant la destinée de la jeunesse des femmes.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°381, été 2017

Jeune femme. Réal, sc : Léonor Serraille ; ph : Émilie Noblet ; mont : Clémence Carré ; mu : Julie Roué. Int : Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye, Nathalie Richard (France-Belgique, 2017, 97 mn).