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Chavela Vargas (2017)
de Catherine Gund & Daresha Kyi
publié le mercredi 15 novembre 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 15 novembre 2017


 


Tel est le titre du documentaire, coréalisé par Catherine Gund et Daresha Kyi, consacré à la grande figure de la chanson mexicaine, disparue en 2012.

Le film contient l’essentiel d’un entretien de Catherine Gund avec la chanteuse, rencontrée à Mexico en 1992, ainsi qu’une discussion entre cette dernière et de jeunes militantes féministes et lesbiennes. Ces éléments de départ ont été enrichis de matériaux d’archives en noir & blanc et en couleurs, de stock- shots, de bouts de concerts, de photographies, et de divers témoignages de ceux qui l’ont connue, ce qui permet de retracer toutes les vies d’une interprète de légende.


 


 

Chavela naît en 1919 au Costa-Rica, dans une famille qui, selon elle, ne l’aime pas, qui la juge si étrange et dérangeante qu’elle préfère la cacher lorsqu’elle reçoit des invités. Adolescente, elle quitte le pays natal pour rejoindre Mexico, ville de l’art et de la musique s’il en est. Ses débuts sont difficiles ; elle se produit épisodiquement dans de modestes établissements, jusqu’à ce que sa voix grave, dramatique et sans affèterie attire l’attention du chanteur-compositeur José Alfredo Jiménez.
Comme Marlene et Carmen Amaya avant elle, elle s’habille en pantalon, médusant son public, mais heurtant les passants qu’elle croise en ville. Sa tenue, complétée par un poncho et des attributs virils (revolver à la ceinture, gros cigare au bec, litre de tequila à portée de la main), fait scandale. Elle estime que, pour s’imposer dans un monde d’hommes, elle se doit d’être plus macha et borracha qu’eux - le risque de l’accoutumance inclus. Elle a chanté comme personne, comme aucune autre femme en tous les cas, les rancheras, un genre réservé aux hommes, traitant d’amours contrariées ou perdues.


 

Elle grave son premier disque assez tardivement, en 1961. On lui prête nombre de conquêtes féminines. Elle fréquente les artistes et les écrivains en vogue. À Acapulco, elle fait la connaissance du Tout-Hollywood. Invitée au mariage d’Elizabeth Taylor, elle voit, si l’on en croit la légende, poindre l’aube en compagnie d’Ava Gardner.
Extravagante, elle devient une des icônes de l’intelligentsia et du milieu underground, d’abord au Mexique puis dans le monde hispanophone.
Tisse-t-elle sciemment son propre mythe ?
À la fin des années 70, elle disparaît, ruinée et détruite par l’alcool fort, pour réapparaître douze ans plus tard, telle le phœnix. Un chaman l’aurait guérie de l’addiction, une "dépendance de l’âme", selon elle.


 

Elle réussit, à 71 ans, son come back. L’éditeur Manuel Arroyo l’invite à se produire à Madrid où elle chante, pour la première fois de sa vie, dans un véritable théâtre. Après le succès des films d’Almodovar qui insère ses chansons dans ses bandes-son, elle triomphe aussi à Paris (à l’Olympia) et à New York (au Carnegie Hall).

Plus qu’un documentaire musical, Chavela Vargas est le récit militant d’une artiste ayant eu sa part maudite. Le film nous fait entendre treize extraits de ses chansons, de Soledad à La Llorona.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Chavela Vargas. Réal, sc : Catherine Gund & Daresha Kyi ; ph : Catherine Gund, Natalia Cuevas, Paula Guttierez Orio ; mont : Carla Guttierez. Int : Chavela Vargas (États-Unis, 2017, 90 mn).

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