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Mariana (2017)
de Marcela Said
publié le vendredi 15 décembre 2017

par Bernard Nave
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2017

Sortie mercredi 13 décembre 2017


 


Le titre original, Los Perros (Les Chiens), manifeste plus directement et clairement le propos du film que le titre donné en France qui porte le nom du principal personnage.

Los perros, ce sont les animaux présents et pas toujours très bien traités, ce sont les œuvres exposées par Mariana dans sa galerie, ce sont aussi certains des personnages, au passé fortement lié aux années Pinochet, durant lesquelles ils ont joué un rôle actif, dans la répression ou la collaboration.


 

Mariana n’a pas connu cette époque, mais elle va découvrir que dans son entourage, à commencer par son père, riche entrepreneur, survivent, plutôt bien, nombre de ces collaborateurs actifs de la dictature. À commencer par le directeur d’un club d’équitation qu’elle fréquente et dont elle tombe amoureuse. Juan, homme autoritaire que l’on surnomme "le colonel", reste surveillé par la police et pourchassé par des militants de gauche qui lui réclament des comptes à propos de certains disparus.


 


 

Alors, Los Perros peut apparaître comme un nouveau film sur les années noires de la dictature et la façon dont la société actuelle porte toujours les traces. C’est bien évidemment le cas.
Mais Marcela Said adopte un point de vue qui n’est pas exempt d’ambiguïtés. D’une certaine manière, elle se refuse au manichéisme, comme s’il fallait pour elle aller au-delà d’une approche univoque. Le personnage de Juan se situe au cœur de cette contradiction dans la mesure où il apparait tout autant comme victime que comme salaud. Et l’interprétation de Alfredo Garcia se situe en plein dans cette ambiguïté, alors que pour d’autres personnages, le père de Mariana en particulier, tout est clair. Même si sa proximité avec la dictature, comme celle de ses collègues, se fait jour progressivement, il se dresse comme la statue de l’homme dominateur, sans aucun remords, aimable mais méprisant envers les femmes, à commencer par sa fille.


 

Mariana elle-même, prisonnière de ce réseau qui l’étouffe, de son mari au policier qui suit Juan, reste spectatrice devant ce qu’elle découvre. Du coup, le film reste lui aussi un peu dans cette posture. L’intrigue peine à se mettre en place, avec un début un peu trop languissant.
Si, globalement, Los Perros ne manque pas d’intérêt, il se situe assez loin de ce que d’autres cinéastes chiliens ou argentins nous ont offerts sur leurs années de dictature et leurs répercussions.

Bernard Nave
Jeune Cinéma en ligne directe

Mariana (Los perros). Réal, sc : Marcela Said ; ph ; Georges Lechaptois ; mu : Grégoire Auger. Int : Antonia Zegers, Alfredo Castro, Raphael Spregelburd, Alejandro Sieveking (Chili-France, 2017, 94 mn).

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