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Tesnota (2017)
de Kantemir Balagov
publié le mercredi 7 mars 2018

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection officielle Un certain regard du festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 7 mars 2018


 


Un premier long métrage (sous les auspices de Alexandre Sokourov, producteur et conseiller artistique), une actrice toute neuve (Darya Zhovner étonnante), Tesnota est une véritable révélation, un film dont on ne sort pas indemne tant il impressionne par sa forme et son sujet.

Peut-être faut-il commencer par les choix formels du jeune réalisateur, Kantemir Balagov, pour comprendre en quoi nous avons affaire à une œuvre tout à fait originale et personnelle.
Il faut souligner l’importance du format d’image adopté (le 1x1,33) une image presque carrée, à l’ancienne, à l’heure où les caméras numériques autorisent les formats larges, voire très larges, même pour des films intimistes.


 

Les personnages sont confinés dans un espace raréfié, même en extérieur, comme prisonniers de ce cadre impérieux, cadre qui affecte aussi fortement notre regard. Les choix qui président à la lumière, aux couleurs, renforcent ce sentiment d’oppression, un sentiment qui ne nous quitte pas facilement une fois le film terminé.

Ce cadre formel s’avère totalement pertinent pour l’histoire.
Nous sommes dans une république du Caucase, la Kabardino-Balkarie, à la fin des années 90. La ville abrite une communauté juive repliée sur elle-même.


 

La première scène fait apparaître le personnage principal, Ilana, jeune femme qui travaille dans le garage de son père. Son frère (dont elle est très proche) va bientôt se marier.
Au soir de la cérémonie de fiançailles, il est enlevé avec sa compagne. Une rançon est exigée que la famille, même avec l’aide de la communauté, ne parvient pas à rassembler. Les parents d’Ilana essaient de la convaincre d’épouser, contre son gré, le fils d’une famille plus riche. La rencontre se passe fort mal, Ilana refuse cet arrangement.


 


 

Balagov déclare s’être inspiré de faits relatés par son père.
Ce contexte donne au film un ton très réaliste, sans toutefois étouffer ce qu’il contient de profondément personnel, tant dans la conception des personnages que dans la création d’un univers suffocant, comme cette scène où des jeunes visionnent des images atroces de la guerre en Tchétchénie.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Tesnota (Une vie à l’étroit). Réal, sc, mont : Kantemir Balagov ; sc : Anton Yarush ; ph : Artem Emelianov. Int : Darya Zhovner, Olga Dragunova, Veniamin Kats, Artem Tsypin Nazir Zhukov (Russie, 2017,118 mn).



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