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Belle et la belle (la) (2017)
de Sophie Fillières
publié le mercredi 14 mars 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Sortie le mercredi 14 mars 2018


 


Sophie Fillières nous a habitués à des films souvent farfelus. Avec son dernier, nous sommes servis.


 

Proposant un titre évoquant de façon appuyée l’univers du conte, la réalisatrice retrouve Sandrine Kiberlain, qu’elle n’avait plus dirigée depuis son premier court métrage, Des filles et des chiens (1992) où elle partageait l’affiche avec Hélène Fillières, la sœur de la réalisatrice. Cette dernière est habituée à travailler en étroite collaboration avec ses actrices, comme pour Aïe (2000), encore avec Sophie, et pour Gentille (2005), avec Emmanuelle Devos.
Ici, elle réunit un trio prestigieux avec, outre Sandrine Kiberlain toujours aussi épatante, sa propre fille Agathe Bonitzer et Melvil Poupaud.


 

Le film démarre comme une comédie américaine sur le thème du double, reprenant littéralement le célèbre adage de Platon sur "le même et l’autre".
Margaux rencontre par hasard Margaux qui ressemble à ce qu’elle était quelque vingt ans plus tôt. Cela donne à Sophie Fillières l’opportunité de situations cocasses qui deviennent cependant un peu lassantes lorsque la première Margaux retrouve par hasard, dans un TGV, Marc, avec qui elle reprend, nolens volens, une relation qu’elle partage en fait avec son double, relation accompagnée de tout le cortège de jalousies et de quiproquos ainsi induits.
Le film bascule, au moment où le ressort comique s’épuisait un peu, lorsque les trois acteurs se retrouvent isolément, chacun leur tour, devant Aurélie Dupont, ici dans son propre rôle, dans le bar du train et qu’ils lui demandent un autographe pour Margaux. Combien y a-t-il de Margaux dans cette histoire ? semble se demander la danseuse étoile.


 


 

C’est aussi la question que peut se poser le spectateur un peu lassé de devoir toujours s’interroger sur la temporalité du film, qui ne cesse de jouer sur les deux âges supposés de l’une et l’autre Margaux, obéissant à une mécanique qu’on aimerait mieux huilée.


 


 

Au cinéma, on a souvent du mal à se détacher de l’acteur et de son personnage - c’est pourquoi les réalisateurs utilisent souvent des pro-cédés pour faire comprendre la temporalité. Ici ce n’est pas le cas et Sophie Fillières a du mal à nous faire entrer de plain-pied dans sa rêverie fantastique, même si on rit souvent et si les acteurs font leur possible pour jouer sur le miroir, le double et la fiction.

"Après la première rencontre entre les deux Margaux devant le miroir de la salle de bain, déclare Sophie Fillières, Margaux-Agathe répond à sa meilleure amie : Oui, je m’imagine des choses vraies. C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce film : m’imaginer des choses vraies, atteindre une vérité à partir d’un impossible total, et rendre possible l’impossible." Objectif atteint ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

La Belle et la Belle. Réal, sc : Sophie Fillières ; ph : Em-manuelle Collinot ; mont : Valérie Loiseleux ; mu : Thibault Deboaisne. Int : Sandrine Kiberlain, Agathe Bonitzer, Melvil Poupaud (France 2017, 95 mn).



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