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Drop of Sun (2017)
de Elene Naveriani
publié le mercredi 14 mars 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Sortie le mercredi 14 mars 2018


 


Le titre est emprunté à Frantz Fanon, en hommage à la peau noire : "…Je suis véritablement une goutte de soleil sous la terre".
Il s’agit du premier long métrage de Elene Naveriani, jeune réalisatrice géorgienne, née à Tbilissi en 1985. La démocratie récente et fragile de la Géorgie est gangrénée par la corruption et en proie à une immigration importante, qui crée xénophobie et violences envers les laissés-pour-compte.


 

Sur un terrain vague, un groupe de jeunes Nigérians jouent au foot, il fait nuit, l’orage éclate mais ils continuent à jouer sous la pluie. Tournée en noir et blanc, l’image est saisissante de beauté, évoquant un peu le cinéma de Béla Tarr, par un rythme assez lent, des éclairages nocturnes, des plans fixes sur la ville et une langueur particulière.
April (Khatia Nozadze) est prostituée à Tbilissi et un soir, pour répondre à une parole raciste d’une de ses amies de trottoir, elle décide d’aborder un jeune Nigérian. Entre eux se tisse une relation complice, fraternelle et chaleureuse, un havre de paix dans un monde hostile.


 

Elene Naveriani filme les individus, décalés et exclus, étrangers à la société géorgienne, parce que prostitués, transgenres ou Africains. Elle les filme avec la plus grande simplicité, dans une continuité narrative dénuée de tout artifice, comme s’il s’agissait d’un documentaire pris en temps réel. En même temps, elle prend soin de donner un aperçu de la vie sociale et de la ville, mettant l’accent notamment sur l’abondance des crimes dont les femmes sont victimes.


 

Il y a dans ce film une tendresse et une attention marquées, dans les plans pris dans la vie quotidienne, la cafetière turque qui déborde sur la gazinière, les conversations entre filles sur le trottoir ou lorsque April réclame son argent à un client qui part sans payer. Elle ne court pas après, son pas est presque tranquille, certaine, pense-t-elle, de le rattraper par sa seule force de résistance à la vie.


 

Il y a, à travers les images en noir & blanc, à la fois une mélancolie qui berce et une vérité très dure qui surgit, brutale et désespérante. Un premier long métrage sobre et sensible, très prometteur.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Drop of Sun (Me Mzis Skivi Var Dedamicaze). Réal, sc : Elene Naveriani ; ph : Agnes Pakodzi ; mont : Gabriel Gonzalez. Int : Khatia Nozadze, Bianka Shigurova, Daniel Anthony, Mariam Chachia, Nino Giorgobani (Suisse-Géorgie, 2017, 61 mn).



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