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Prière (la) (2017)
de Cédric Kahn
publié le mercredi 21 mars 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Sortie le mercredi 21 mars 2018


 


Un visage, un beau visage d’homme enfant s’impose à l’écran. Il rayonne de beauté et de désespoir.
On apprendra peu à peu qu’il s’agit d’un jeune toxico qu’un prêtre a découvert dans la rue après une overdose et à qui il a conseillé de venir dans ce centre qui pratique la prière et l’isolement, le travail et le chant pour aider à décrocher.


 

Cédric Kahn a offfert le rôle principal à Anthony Bajon, déjà vu récemment dans Rodin et Maryline, qui crève l’écran. Mais tout le monde est admirable dans ce film qui témoigne de la force de la vie et de la solidarité dans un monde à la dérive, où les loups solitaires meurent dans les caniveaux.

Il y a la belle Louise Grinberg dans le rôle de Sybille, tentatrice et ange du jeune Thomas, mais aussi Damien Chapelle, Alex Brendemühl et tous les membres de cette communauté de résilience comme on dit maintenant dans les magazines de psychologie.


 

Et il y a ce paysage de montagne, qui rappelle celui de son précédent, Vie sauvage (2014), que le réalisateur a trouvé en Isère, un large plateau, lieu magique, préservé, mélange de beauté et de rudesse, devenu un personnage à part entière. Un lieu pour un miracle, celui que, lors d’une nuit solitaire, vivra Thomas, blessé, parmi les roches et la neige.


 

On sait l’inspiration éclectique de Cédric Kahn. La Prière est sans doute l’un de ses plus beaux films. Le réalisateur, qui se déclare pourtant agnostique, a réussi à donner corps à la foi, une foi pratique qui peut aider des jeunes de tous horizons et de tous pays à sortir de l’enfer de la drogue. Dans ce lieu retiré, de jeunes garçons sont reclus, séparés des jeunes filles, et tentent de retrouver foi en la vie, par le travail, l’isolement, le chant et la prière pour oublier la vie extérieure.


 

Thomas, même s’il doute fort et désespère souvent, trouvera son salut dans la camaraderie et la fraternité, non pas celle inscrite sur le fronton des institutions, mais la vraie, celle qui unit et qui évite d’être seul et de désespérer. Son chemin chaotique va trouver là son point d’équilibre, par le chant, la lecture des textes sacrés et une forme de méditation qui l’éloigne de toute tentation, sexuelle et affective. Au point de vouloir devenir prêtre - mais la fin ouverte laisse libre cours à chacun de l’interpréter selon ses convictions.
C’est cette liberté de ton et l’absence de toute forme de prosélytisme qui fait la force du film.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

La Prière. Réal, sc : Cédric Kahn ; sc : Fanny Burdino, Samuel Doux ; ph : Yves Cape ; mont : Laure Gardette. Int : Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brandemühl, Louise Grinberg, Hanna Schygulla (France, 2017, 107 mn).



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