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Cornélius, le meunier hurlant (2017)
de Yann Le Quellec
publié le mercredi 2 mai 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 2 mai 2018


 


Pour son premier long métrage, après des courts comme Je sens le beat qui monte en moi (en 2012) et Le Quepa sur la Vilni ! (en 2013), Yann Le Quellec a choisi d’adapter à l’écran le très célèbre roman du Finlandais, Arto Paasilinna.


 

Il a décidé aussi de s’entourer d’une équipe d’acteurs chevronnés, comme Anaïs Demoustier, Gustave Kervern ou Denis Lavant, avec l’aide chorégraphique de Maguy Marin, Rachid Ouramdane, Rosalba Torres Gerrero et Koen Augustijnen, et de Sébastien Buchmann comme directeur de la photographie.
Sans oublier pour la musique de générique et de fin le grand Iggy Pop, après qu’il eut entendu son interprétation en français des Passantes de Georges Brassens. Cherchant pour le rôle principal du meunier hurlant une figure dans le style de Depardieu jeune, il découvre un jeune homme étonnant, venu du cirque, Bonaventure Gacon, qui n’avait jamais fait de cinéma jusqu’alors.


 

Voici donc un film pensé, construit et d’une grande poésie, même si elle peut paraître, au premier abord, maladroite et quelque peu naïve. On ne peut ensuite que tomber sous le charme de ce monde intemporel où les gestes du quotidien retrouvent un sens aujourd’hui perdu, moudre le blé par exemple pour obtenir une farine qui donnera le meilleur pain du monde.


 


 

Échoué dans un village qui n’a pas de meunier, Cornélius va s’y installer, adoubé par le maire qui lui cédera un terrain escarpé pour qu’il y construise son moulin.
Puis, peu à peu, tout le monde le maudira parce que, la nuit, il hurle dans la vallée son mal de vivre et sa terreur.


 


 

Mais c’était sans compter sur la force de l’amour.


 

Le film se présente comme une fable moderne sur la solitude et la destinée.
Outre les acteurs, excellents, le réalisateur a privilégié la nature en choisissant des lieux magnifiques comme le village du cirque de Navacelles, dans le Larzac, le causse de Blancas et la forteresse de Salses, près de Perpignan, qui marquait, au 15e siècle, la frontière entre la France et la Catalogne.
En faisant de Cornélius une sorte de Don Quichotte aux prises avec la méchanceté et l’incompréhension humaines, Le Quellec met en scène les hommes, la nature et leur beauté. Il invente aussi des machines, avec l’aide de Martin Wheeler qui s’inspire des plans de Léonard de Vinci, et des engrenages, évoquant à la fois un monde intemporel mais aussi la modernité broyeuse des volontés et des rêves.


 

Il y a dans son film du Chaplin des Temps modernes, du Tati, de l’absurde à la Terry Gilliam, mais aussi beaucoup de son propre univers, dans un déploiement de situations burlesques ou tragiques auxquelles les acteurs donnent toute leur force, notamment Denis Lavant dans le rôle d’un médecin angoissé et alcoolique.


 

À la fois western, film écologiste et fable que n’auraient renié ni Giono, ni Pagnol, Le Quellec se sépare un peu de l’humour branché qu’on lui connaissait jusqu’alors pour s’envoler dans la poésie. "J’ai lu Le Meunier hurlant il y a une dizaine d’années et depuis, l’envie d’adapter ce roman à l’écran ne m’a pas quitté. On plonge dans un univers foisonnant, picaresque, d’une immense liberté. Et très drôle."
Son film a parfaitement respecté cet humour romanesque, et ce n’était pas joué d’avance.


 

Mais qui n’a jamais eu envie de crier comme un lycanthrope les nuits de pleine lune ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Cornélius, le meunier hurlant. Réal, sc : Yann Le Quellec ; sc : David Elkaïm, Jean-Luc Gaget, Gladys Marciano d’après Arto Paasilinna ; ph : Sébsatien Buchmann ; mont : Sandie Bompar, Yann Dedet ; mu : Martin Wheeler. Int : Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, Denis Lavant, Christophe Paou (France, 2017, 107 mn).



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