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Gauthier, Guy, Pilard, Philippe & Suchet, Simone (livre)
Le documentaire passe au direct (2003)
publié le lundi 4 août 2014

par Jacques Chevallier
Jeune Cinéma n° 282, mai 2003

Guy Gauthier, Philippe Pilard & Simone Suchet, Le documentaire passe au direct, Québec, éd VLB, 2003.


 


Un titre explicite. À l’articulation des années 50 et 60, le cinéma documentaire connaît une véritable mutation, liée en particulier à l’utilisation de nouveaux matériels : caméras légères portées par le cinéaste, associées à de mini-magnétophones permettant l’enregistrement d’un son synchrone, pellicules ultrasensibles… On passe d’un cinéma documentaire élaboré à un cinéma qui se veut directement en prise avec ce et ceux qui sont filmés. (1)

Les innovations techniques n’expliquent pas tout. Les auteurs du livre montrent bien pourquoi et comment "le corps social est demandeur" de ce cinéma direct. Et notamment aux États-Unis, en France, au Canada. La télévision n’est pas pour rien, elle aussi, dans cette évolution, même si, dans le fameux Primary (1960) de Robert Drew avec Richard Leacock à la photo (2), "tout un journalisme audiovisuel est déjà contenu, pour le meilleur et pour le pire".

En tout cas, séparer systématiquement le documentaire de télévision du documentaire de cinéma peut conduire à des absurdités. Faudrait-il ignorer dans cette histoire du direct des réalisateurs comme Jacques Krier, Paul Seban et Jean-Claude Bringuier qui filmèrent pour le compte du Service documentaire de l’ORTF ?
Les auteurs de Le documentaire passe au direct insistent au contraire sur leur rôle. Leur ouvrage est à la fois descriptif (les cinéastes, leurs œuvres) et analytique (la "vérité" - immédiate ou cherchée, réelle ou fictive - du cinéma du même nom, les questions esthétiques et éthiques liées à la pratique du direct).

Une véritable histoire de ce nouveau documentaire, de ses antécédents, de son épanouissement et de son déclin est ainsi tracée, avec des vues d’ensemble et des analyses ponctuelles. On sait gré aux auteurs, à cette occasion, d’avoir mis l’accent sur des cinéastes aujourd’hui trop oubliés comme Karel Reisz (3) et ses We Are the Lambeth Boys ou Mario Ruspoli et ses Inconnus de la terre.
Un regret : l’absence d’index.

Jacques Chevallier
Jeune Cinéma n° 282, mai 2003

1. Cf. la rubrique Écoles, genres et mouvements.

2. "Pour une histoire du cinéma direct", Jeune Cinéma n°274, mars-avril 2002.

3. Cf. aussi Entretien avec Karel Reisz.


Guy Gauthier, Philippe Pilard & Simone Suchet, Le documentaire passe au direct, Québec, éd VLB, 2003, 212 p.



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