Elles et ils sont soixante-dix-huit artistes et techniciens du spectacle vivant, du cinéma, de la télévision, à avoir mis en mots leurs cris du cœur, leur colère, leur étonnement, leur révolte, leurs émotions immédiates ou l’argumentaire de leur refus, bref leurs réactions devant l’accord du 26 juin 2003 réformant les règles de l’assurance chômage des intermittents du spectacle. Soixante-dix-huit - souvent anonymes, parfois célèbres -, parmi les milliers d’intermittents opposés à cet accord, et pour beaucoup ses futures victimes.
Quelques-uns des textes figurant dans ce livre ont été publiés auparavant dans la presse : ainsi "Sauf votre respect M’sieur le Baron du Medef" (par Jean-Jacques Beinex, dans Le Monde du 22 juillet 2003) ou "Réponse à Patrice Chéreau" (par Pascal Thomas dans Le Nouvel Observateur daté du 14 août 2003). D’autres ont été rédigés pour une chronique régulière prévue dans Libé, chronique qui n’a pu être ouverte.

Mais l’idée de cette collecte de témoignages n’a pas été abandonnée par Jean-Pierre Thibaudat, le journaliste, et moins encore par "l’intermittente" Bénédicte Brunet. C’est elle qui a recueilli, organisé et présenté tous les textes de ce livre joliment titré Paroles intermittentes, avec en exergue ce slogan relevé sur la pancarte d’un manifestant : "Relancez l’économie : tuez un clown !"

À lire sans nostalgie, mais avec une particulière attention, notamment pour ses dernières pages intitulées "Intermittences législatives". Avec l’aide de quelques spécialistes, Béatrice Brunet y propose une analyse des termes, textes et chiffres relatifs au statut des intermittents et à son évolution. Utile décorticage d’un dossier particulièrement touffu que les commentaires officiels ont un peu plus embrouillé. Délibérément ?

Jacques Chevallier
Jeune Cinéma n° 286, décembre 2003

Bénédicte Brunet, Paroles intermittentes, Ed. Hors Commerce, 2003, 214 p.
(Droits d’auteur versés aux fonds de solidarité des intermittents).