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À la recherche d’Ingmar Bergman (2018)
de Margarethe von Trotta
publié le mercredi 5 septembre 2018

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sélection officielle Cannes Classics au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 5 septembre 2018


 


En réalisant ce documentaire à l’occasion du centenaire de la naissance de Ingmar Bergman, Margarethe von Trotta réussit à s’effacer au profit de son glorieux aîné tout en nous faisant ressentir en quoi son œuvre l’a profondément marquée.


 


 

Certes, on la voit arpenter les paysages du début du Septième sceau (le film de l’auteur qui, étudiante, l’a le plus impressionnée), certes, elle prend soin de rappeler que Ingmar Bergman avait inclus une de ses œuvres, Les Années de plomb (1) dans sa liste de films préférés, mais elle ne cherche pas pour autant à tirer la couverture à elle.
Le documentaire retrace longuement "l’exil" allemand du cinéaste, une période dépressive qui aura au moins donné un film passionnant, De la vie des marionnettes (1980).


 

Il en ressort le portrait d’un homme tourmenté, voire humilié, non seulement en raison du sort qui lui fut réservé par les autorités suédoises, mais aussi par l’accueil critique de ses deux films allemands : à cette époque, éminemment politisée, on considérait déjà Ingmar Bergman comme "daté".

Searching… permet également de mieux comprendre les rapports du cinéaste à son œuvre et à sa nombreuse famille. Deux des enfants du cinéaste sont interviewés, et c’est Daniel qui affirme calmement que ses parents ne lui ont jamais manqué.


 

À un psychiatre qui lui proposa une psychothérapie pour le guérir de ses hantises, avec le risque de voir disparaître sa créativité ainsi que sa part d’enfance, Ingmar Bergman finit par opposer un refus.


 

La réalisatrice s’entretient avec un certain nombre de cinéastes, actrices, critiques, plus ou moins liés au maître. L’intérêt varie ici en fonction des personnalités : Olivier Assayas (habité par son sujet), Liv Ullmann (émouvante), Carlos Saura (un peu court), Jean-Claude Carrière (superflu), Ruben Östlund (original, car plus proche de Bo Wideberg que de Ingmar Bergman).


 


 

Il ne s’agit pas ici de renouveler l’approche du metteur en scène, mais de recueillir quelques témoignages sur celui qui avait la prétention de "rester" comme un des grands dramaturges du siècle.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

1. Les Années de plomb (Die Bleierne Zeit) de Margarethe von Trotta (1981).


À la recherche d’Ingmar Bergman (Searching for Ingmar Bergman). Réal, sc : Margarethe von Trotta ; sc : Felix Moeller, Konstanze Speidei ; mont : Bettina Böhler (Allemagne-France, 2018, 99 mn). Documentaire.



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