home > Films > Sofia (2018)
Sofia (2018)
de Meryem Benm’Barek
publié le mercredi 5 septembre 2018

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sélection officielle Un certain regard du Festival ed Cannes 2018

Sortie le mercredi 5 septembre 2018


 


Dans la catégorie premiers films de la section Un certain regard, celui de Meryem Benm’Barek a été une des bonnes surprises de cette édition.
Il s’agit à la fois du portrait d’une jeune Marocaine de la classe moyenne qui se retrouve enceinte hors mariage et d’une étude de mœurs, dans un pays dont la loi sanctionne d’une peine pouvant aller jusqu’à une année de prison les relations sexuelles d’un couple illégitime, cette peine pouvant s’appliquer aussi bien à l’homme qu’à la femme.


 

Ce long métrage n’a pas reçu le prix du scénario de la section par hasard, celui-ci étant plausible, habile et étonnant - il nous réserve en effet plusieurs coups de théâtre.

L’un d’entre eux étant que la présumée victime est en réalité une manipulatrice de première. Elle fait face à une situation compliquée avec sang-froid, la tourne à son avantage et réussit à préserver ses intérêts, ceux des siens et des autres parties impliquées.
La réputation de sa famille restera sans tache, celle du "père malgré lui" grimpera l’échelle sociale et le jeune homme trouvera même un emploi inespéré. L’identité du violeur de la protagoniste ne sera jamais révélée.


 

Mené sur un tempo assez vif, le film nous fait visiter un hôpital de Casablanca, un commissariat de police, une geôle ainsi que des demeures, aisées ou modestes. C’est dans un grand hôtel de bord de mer que se déroule la cérémonie nuptiale et se dénoue le drame.


 

Tout le reste est tourné en huis clos et plans serrés.
La réalisatrice différencie avec netteté les réactions de tous et de chacun, en particulier celles des femmes, a priori les plus concernées par le cas de Sofia : la mère, mortifiée à l’idée d’une mésalliance, la tante, évitant la prison à notre héroïne au moyen d’un pot-de-vin, la future belle-mère se réjouissant d’avance de la bonne affaire. La cousine, étudiante en médecine, n’est pas dupe de l’hypocrisie générale.


 

Meryem Benm’Barek éclaire le problème à partir des différents points de vue sans schématisme ni parti pris, avec une gravité émaillée de touches d’humour.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sofia. Réal, sc : Meryem Benm’Barek ; ph : Son Doan ; mont : Céline Perréard. Int : Sara Elmhamdi, Lubna Azabal, Faouzi Bensaidi, Sarah Perles (Belgique, 2018, 80 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts