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Amour flou (l’) (2018)
de Romane Bohringer & Philippe Rebbot
publié le mercredi 10 octobre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 10 octobre 2018


C’est vers la comédie à la française, et même vers la comédie du remariage à l’américaine chère à Stanley Cavell, que Romane Bohringer et Philippe Rebbot sont allés chercher leur source d’inspiration. Ils mettent en scène leur séparation, leur désamour, mais brut de décoffrage, sans affèteries, avec un côté, largement foutraque, de saltimbanques, qui en fait tout le charme.

Le film est une jolie réussite, pleine de joie, d’inventivité et d’humour. Tout est parti d’un constat d’échec, à savoir que les deux amoureux qui, dans la vraie vie, ont eu deux enfants, ont réalisé qu’ils s’aimaient toujours mais qu’ils ne pouvaient plus partager le même quotidien. Dans une telle situation, les gens souvent se déchirent, pleurent, se font des procès ou vont jusqu’à s’entretuer.

Mais parce qu’il s’agit d’un couple d’artistes, Romane et Philippe sont parvenus à dépasser ce conflit et, comme un exorcisme, à en faire un film. Qui les a d’ailleurs sauvés de la tristesse et du ressentiment, ainsi que le déclare l’actrice : "Je n’ai plus pleuré sur la vente de la maison, ni sur le déménagement, parce que je pensais à ce qu’il y avait à tourner ! Sans le film, cela aurait sans doute été beaucoup plus douloureux."

L’Amour flou - titre clin d’œil en référence à André Breton - parvient à saisir la réalité, celle du déménagement et de la création d’un espace de vie commun et séparé, en se basant sur la vie des deux artistes en rupture, mais en la sublimant.
Du coup, ce produit, qui aurait pu constituer un concentré de nombrilisme ou de pathos, devient un film à part entière, qui dépasse le simple épisode personnel et peut convaincre un large public. On y reconnaît parfaitement les caractères des deux personnages tels que vus à l’œuvre dans tant d’autres films, même si Philippe Rebbot a consciencieusement gommé son côté clown triste, pour se montrer "charmantissime", comme le décrit Romane Bohringer qui, elle, n’a pas hésité à forcer le trait et à se caricaturer.

Le film est interprété par la proche famille des réalisateurs (y compris leurs propres enfants), dont le seul autre acteur professionnel est Richard Bohringer.
L’Amour flou est, en outre, servi par un casting d’amis, ce qui permet des moments d’anthologie, avec notamment Reda Kateb en éleveur de chiens, Aurélia Petit en psy, Gavor Rassov en directeur d’école portant moumoute, Aurélien Chaussade en vrai voisin gay, etc. Ce film est un petit bijou sympathique qu’il faut courir voir.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

L’Amour flou. Réal, sc : Romane Bohringer & Philippe Rebbot ; ph : Bertrand Mouly ; mont : Céline Cloarec ; mu : Arnaud Fleurent-Didier. Int : Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Rose Rebbot-Bohringer, Raoul Rebbot-Bohringer, Astrid Bohringer, Richard Bohringer, Reda Kateb, Clémentine Autain, Aurélia Petit, Pierre Berriau (France, 2018, 97 mn).



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