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Pauvert, Jean-Jacques (1926-2014)
Une vie, une œuvre
publié le dimanche 28 septembre 2014

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe
(28 septembre 2014)

Jean-Jacques Pauvert (1926-2014)


 


Jean-Jacques Pauvert est mort hier.

La radio, annonçant la nouvelle, a évoqué l’éditeur de Sade et d’Histoire d’O.

Sans doute, car il fallait un courage certain pour oser publier, durant la pudibonde IVe République, des auteurs offensant ainsi les bonnes mœurs (ce qu’il a payé par des années de procès).

Mais Pauvert, c’était un peu plus que ça, même si les coups de boutoir contre l’ordre moral étaient bienvenus.

Son grand courage et sa grande réussite, ça a été de ramener à la lumière des ouvrages que les autres éditeurs laissaient dormir.

Ce fut la première réédition des romans de Boris Vian et des Manifestes du surréalisme, tous introuvables en 1962 (on croit rêver).

Les textes sulfureux de Georges Bataille, la collection "Libertés", succulente succession de pamphlets, les romans de René Crevel, d’André Hardellet, de Raymond Roussel, de Cami...
On oublie, aujourd’hui que tout est devenu accessible, la situation d’assoiffés qui était alors celle des amateurs.

Tous livres indissociables de l’époque, que l’on dévorait dans les queues de la Cinémathèque de la rue d’Ulm ou de Chaillot.

Curieusement, peu de textes sur le cinéma chez celui qui affirmait qu’il n’éditait que ce qui lui plaisait : Hollywood Babylone de Kenneth Anger, L’Érotisme au cinéma de Lo Duca, Le Dessin animé après Walt Disney de Robert Benayoun.
D’autres certainement qui ne nous reviennent pas immédiatement en mémoire.


 

Il faut dire que le territoire du cinéma qui l’intéressait, celui, comme en littérature, du second rayon, était bien occupé par Éric Losfeld : entre Ado Kyrou, Positif et Midi-Minuit Fantastique, il restait peu de place.

Pauvert est assurément un des éditeurs de la seconde moitié du dernier siècle dont l’action fut la plus décisive, et la moins confortable.
Il dut, sur le tard, adopter la stratégie du bernard-l’ermite, passant d’un éditeur à l’autre en ne gardant que sa signature sur la couverture (Pauvert chez X).

Il n’empêche : son catalogue, depuis 1946, est admirable.

Une œuvre en soi.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe
(28 septembre 2014)

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