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Troppa Grazia (2018)
de Gianni Zanasi
publié le mercredi 26 décembre 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 391, décembre 2018

Sélection de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 26 décembre 2018


 


Entre Toscane et Ombrie, vit Lucia (Alba Rohrwacher,) géomètre, avec sa fille adolescente. Dans un univers d’hommes prêts à toutes les compromissions, elle se bat pour faire respecter les lois cadastrales sur le chantier d’un complexe immobilier "La Grande Vague".


 

Dans une mise en scène éclatée, où thriller et comédie se mêlent, surgit soudain la Madone (Hadas Yaron) sous l’apparence d’une femme voilée, silencieuse et redoutable.


 

Lucia, prise entre les pratiques mafieuses des promoteurs, la rupture avec son compagnon (Elio Germano), l’éducation de sa fille et les ordres comminatoires de la Madone de construire une église à l’emplacement de son apparition, avance sur un chemin semé d’embûches, de drôleries, de violences mentales et de miracles auxquels elle ne croit pas, bien évidemment.


 

Plongée loufoque et belle au pays des grosses magouilles, la présence de Alba Rohrwacher illumine d’un bout à l’autre le film de Gianni Zanasi.
La Madone, de son regard sévère, la contraint, pour obtenir ce qu’elle veut, à des chorégraphies improvisées et répétitives, gesticulations et contorsions désopilantes.
Tout cela baigne dans un humour bienveillant, où le mystère de la foi se confronte à l’explication rationnelle et où la grâce intérieure se joue de la religion. Lucia est habitée d’une assurance proche de celle de l’enfance, intransigeante et entière, qui la guide sur la voie de sa vérité.


 

Le film dans sa longueur aurait mérité un montage plus serré, ce qui aurait densifié l’originalité de la proposition et l’invraisemblance du dispositif. Il est rare en effet de juxtaposer au présent d’un récit, la transcendance à la réalité.


 

Sillonnant en voiture un paysage sublime, aux couleurs mordorées, vallonné et sauvage, Lucia parviendra en accord avec les tourments de son âme, à atteindre ses espérances.


 

Le film est extravagant et surprenant. Les contradictions de la pensée émergent en apparitions surnaturelles de sainte et/ou de sorcière, amusant rappel à l’ordre des errances humaines.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 391, décembre 2018

Troppa grazia. Réal, sc, mont : Gianni Zanasi ; sc : Federica Pontremoli, Michele Pellegrini ; ph : Vladan Radovic ; mont : Rita Rognoni ; mu : Niccolo Contessa ; int : Alba Rohrwacher, Elio Germano, Giuseppe Battiston, Hadas Yaron, Valerio Mastandrea, Thomas Trabacchi (Italie, 2018, 110 mn).



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