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Karlson, Phil (1908-1985)
Rétrospective
publié le lundi 6 octobre 2014

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Rétrospective Phil Karlson (1908-1985)
Cinémathèque française (3 octobre-22 novembre 2014)


 


Dans 30 ans de cinéma américain, le tandem Coursodon-Tavernier finissait la notice de Phil Karlson par "ce n’est pas le Phil à couper le beurre", calembour nul, d’autant qu’il concluait deux pages assez élogieuses. (1)


 

La plaisanterie, et c’est tant mieux, n’a pas été reprise dans 50 ans de cinéma américain, où leur analyse de l’œuvre de Karlson (une soixantaine de titres) est juste et fouillée. Surtout sur la première partie, les westerns des années 40, qu’ils sont les seuls à avoir vus et que la rétrospective de la Cinémathèque va enfin faire découvrir (très peu furent distribués ici).


 

On connaît mieux sa belle série de films noirs de la décennie suivante, de L’Inexorable Enquête (Scandal Sheet, 1952) à The Phenix City Story (1955), via Le Quatrième Homme (Kansas City Confidential, 1952), ou On ne joue pas avec le crime (5 Against the House, 1955), série dans laquelle il n’y a rien à jeter.


 

C’est du concentré de noir : scénario, photographie, musique, décor, tout est archétypal. On y rencontre les meilleurs acteurs du genre, l’excellent et méconnu John Payne, Preston Foster, Jack Elam, Neville Brand, Lee Van Cleef, Brian Keith. On y trouve le même plaisir qu’à la relecture des auteurs de la Série Noire, période cartonnée, John McPartland, Henry Kane ou Wade Miller : du style à l’état pur.


 

Le virage des années 60 réussit moins à Phil Karlson, malgré la présence de Elsa Martinelli dans Massacre pour un fauve (Rampage, 1963), et un Elvis Presley pas ridicule du tout dans Un direct au cœur (Kid Galahad, 1962).


 


 

On peut passer sur le reste, les deux Matt Helm, par exemple : The Silencers (1966) et The Wrecking Crew (1968).


 

Mais ses deux derniers titres, Justice sauvage (Walking Tall, 1973) et La trahison se paie cash (Framed, 1975), l’un et l’autre avec un impressionnant Joe Don Baker valent largement le détour.


 

Phil Karlson est très précisément un petit-maître, capable de tourner n’importe quoi, mais jamais n’importe comment.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Jean-Pierre Coursodon & Bertrand Tavernier, 30 ans de cinéma américain, Paris, éditions C.I.B., 1970. Jean-Pierre Coursodon & Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Paris, éditions Nathan, 1991.
Phil Karlson (1908-1985) ne peut figurer dans l’ouvrage de Bertrand Tavernier, Amis américains. Entretiens avec les grands auteurs d’Hollywood, Institut Lumière/Actes Sud, 1993.



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