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Sibel (2018)
de Çagla Zencirci & Guillaume Giovanetti
publié le mercredi 6 mars 2019

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle au Festival de Locarno 2018

Sortie le mercredi 6 mars 2019


 


Depuis 2004, Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, couple franco-turc, tournent et signent leurs films ensemble. Sibel est leur troisième long métrage après le succès de Noor (2014) et de Ningen (2015).

Sibel, c’est Damla Sönmez, jeune actrice turque, au regard si expressif qu’il est difficile de ne pas être en sympathie avec elle. Sauvageonne, intrépide et vaillante, elle court à travers la forêt, carabine à l’épaule, pour traquer le loup qui effraie les femmes. Fantasme dans la tradition orale des contes et légendes, le loup est associé à l’étranger, au migrant, au mal et à la sexualité.


 

Jusqu’au jour où l’animal qu’elle croyait pister lui apparaît sous la forme d’un jeune homme blessé, Ali (Erkan Kolcak Köstendil). À partir de ce moment, tout devient pour elle d’une évidence claire : elle doit soigner cet homme, le dissimuler aux yeux des villageois et choisir de vivre son destin.
De temps en temps, elle se confie à Narin (Meral Cetinkaya) une vieille femme qui a perdu la raison, après l’assassinat de son mari par la police.


 


 

Chez elle, où elle vit avec son père et sa sœur, l’autorité, les traditions et le qu’en dira-t-on l’obligent à ruser et à mentir. Alors que sa sœur charme tout le monde, Sibel reste dans l’ombre - aussi parce qu’elle est muette et ne s’exprime que par une langue sifflée.


 

Cependant, elle lutte pour exister, se révèle femme indépendante et forte aux côtés d’Ali, le tournant de sa vie. C’est une femme moderne, dans une société aux traditions bien ancrées et renforcées, aujourd’hui encore, par le pouvoir dictatorial. Elle connaît bien le pays, elle l’arpente jour après jour, à la fois gardienne des frontières et sans cesse tentée de les franchir.


 


 

Dépeint dans un réalisme fictionnel, le silence des bois est parcouru de sifflements qui se répondent à travers l’espace et disent l’indépendance d’esprit, l’appel à l’aide ou la souffrance de la perte de l’amour.
Le goût pour la liberté explique son obsession de l’ailleurs, long cheminement périlleux et instable, qui l’écorche et l’éprouve à chaque pas de ce parcours initiatique. Elle surmonte cette expérience avec audace, jusque dans l’issue tragique de sa rencontre amoureuse.


 

Le film a des parentés avec Leave No Trace de Debra Granik, où la solitude d’une femme se confronte à la dureté de la nature.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe


Sibel. Réal, sc : Çagla Zencirci & Guillaume Giovanetti ; sc : Ramata Sy ; ph : Eric Devin : mont : Véronique Lange ; mu : Bassel Hallak. Int : Damla Sönmez, Emin Gürsoy, Erkan Kolçak Köstendil, Elit Iscan (Allemagne-France-Luxembourg-Turquie, 2018, 95 mn).



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