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Boujut, Michel (livre) I
La Promenade du critique (1996)
publié le mardi 7 octobre 2014

par Alain Virmaux
Jeune Cinéma n°243, mai-juin 1997

Michel Boujut, La Promenade du critique, Institut Lumière / Actes Sud, 1996.


 


On feuillette ce petit livre avec un plaisir constant. Car il est fait pour être feuilleté, picoré, non lu d’une traite. Assemblage de notations courtes, d’impressions, de souvenirs, d’abord jetés en vrac dans un carnet, puis regroupés, ici en chapitres (mais c’est pour la forme). L’auteur baptise le tout un "rôde-movie". Ouvrons le livre au hasard, on tombe sur une référence à Robert Desnos, ou une autre à André Delons ("les critiques, c’est-à-dire les garçons d’écurie").Après cela, bien sûr, c’était dans la poche. Les allusions faites de loin en loin à Pierre Boujut, père de Michel, et jadis animateur de la revue La Tour de feu ont bientôt achevé la conquête. (1)
De surcroît, telle confidence sans fard emporte une adhésion immédiate : "Le critique passe généralement pour un type péremptoire, bardé de certitudes. Ce n’est pas si simple, désolé ! Il lui arrive même en sortant d’une salle, de n’être sûr de rien ; ça m’est arrivé, il y a peu avec Le Garçu de Maurice Pialat." (p. 24). Par delà cette franchise, les sourires sont fréquents : "À la fête de l’Huma, en 1993, les panneau d’affichage géants pour Germinal sont encadrés par des pubs Ricard. Germinal … ou L’Assommoir " (p. 59). Ou encore celle-ci : "Si les frères Lumière s’étaient appelés les frères Abat-jour, il n’y aurait pas eu de cinéma : Godard bien sûr, toujours entre fulgurance et Almanach Vermot" (p. 84).

Terminons, ce bref survol - dont la visée est d’inciter le lecteur à chercher ses propres repères dans cette très attrayante "promenade" - par une notation que nous contresignerions sans hésiter (2) : "La scène si unanimement louée de La Femme du boulanger, avec la Pomponette, garce de substitution dans le discours faux-cul de Raimu, je persiste à la trouver répugnante" (p. 56).

Alain Virmaux
Jeune Cinéma n°243, mai-juin 1997

1. Pierre Boujut (1913-1992) a créé et dirigé La Tour de Feu. Revue internationaliste de création poétique  : 149 numéros dont 7 doubles en 142 livraisons du n°1 (été 1946) au n° 149 (mars 1981).

2. Ma femme était encore plus révoltée que moi contre la séquence en question.
Il s’agit de Odette Virmaux (1931-1996) qui a cosigné tous les articles de Alain Virmaux dans Jeune Cinéma, depuis février 1990, cf. Jeune Cinéma n°199).


Michel Boujut, La Promenade du critique, illustré par Tardi, coédition Institut Lumière / Actes Sud, 1996, 151 p.



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