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Portrait de la jeune fille en feu (2019)
de Céline Sciamma
publié le mercredi 18 septembre 2019

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°395, été 2019

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2019

Sortie le mercredi 18 septembre 2019


Au départ, une belle idée : au 18e siècle, sur une île bretonne, une jeune peintre, Marianne, est chargée par une comtesse italienne de peindre le portrait de sa fille Héloïse, sortie de chez les Bénédictines et promise à un Milanais qui sera le récipiendaire du tableau.

Héloïse se refuse au mariage et ce tableau, Marianne devra le peindre en secret, par la seule force de son regard porté sur celle qui va devenir son modèle et bientôt l’objet de son désir.

Seulement, il y a une chose qui, généralement, ne pardonne pas au cinéma (a fortiori dans un film au classicisme affiché), c’est lorsque des personnages, étrangers l’un à l’autre, paraissent la scène suivante se connaître depuis des années-lumière.

Certains verront sans doute un embrasement, une combustion spontanée entre peintre et modèle, dans ce qui nous a semblé un défaut de conception qui obère toute croyance en la naissance, puis en l’éclosion de l’amour entre les deux femmes, de même que toute réflexion un peu pertinente sur les rapports de la création et du désir, de l’optique et de l’haptique.

Ce film, sur lequel Céline Sciamma semble avoir versé un grand seau à glace (et "l’académisme" du tableau n’est pas ici en jeu), le dernier plan, une performance de Adèle Haenel, ne parviendra pas à le sauver : on y voit Héloïse, mariée entre temps, éprouver quelque chose de la douleur et de la jouissance de la remembrance.
Pour nous, il est déjà trop tard.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°395, été 2019


Portrait de la jeune fille en feu. Réal, sc : Céline Sciamma ; ph : Claire Mathon ; mont : Julien Lacheray. Int : Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino (France, 2019, 120 mn).



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