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Jeune Juliette (2019)
de Anne Émond
publié le mercredi 11 décembre 2019

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°398, décembre 2019

Sortie le mercredi 11 décembre 2019


 


Pour son quatrième long métrage, la Québécoise Anne Émond change de style et nous offre un film qui, au premier abord, pourrait passer pour un teen movie, mais qui, peu à peu, se dévoile comme cathartique. Jeune Juliette, tourné en 35 mm pour retrouver les couleurs et le style des années 80, met en scène une jeune fille, heureuse et décomplexée, qui, en raison de son surpoids, se sent mal au lycée. Pour y remédier, elle rêve et s’invente des amours.

La réalisatrice confie que ce film est inspiré de sa propre adolescence, cette époque où personne n’est jamais vraiment heureux. Elle a choisi, pour son scénario, des figures d’adolescents hors normes, pour les confronter à des adolescents plus cool. Juliette est enrobée, Léane, sa meilleure amie, est homosexuelle, Arnaud est un enfant à "haut potentiel". Enfin, Liam le beau gosse, fait tomber Juliette en pâmoison, mais il chante comme une casserole.


 


 

Jeune Juliette va sans doute cartonner en France, non seulement parce que cette comédie fait mouche, sans misérabilisme ni dolorisme, mais aussi parce qu’elle s’inspire des films sur l’adolescence, ceux de Éric Rohmer, mais surtout ceux de Claude Miller - on pense bien sûr à L’Effrontée. Juliette est une effrontée à sa manière qui, à 14 ans, quitte lentement l’enfance entre son grand frère qui la tient à l’écart, son père préoccupé par son nouvel amour et sa mère qui vit désormais loin d’elle à New York et ne s’en occupe guère.


 

Elle vit un peu dans l’insouciance, amoureuse folle de Liam, "trop beau pour elle", entouré de sa seule amie et d’un garçon dont elle s’occupe et qu’elle perdra dans un supermarché. Mais Juliette devient grave un jour, à cause de la méchanceté de ses camarades qui la déclarent grosse et c’est là qu’elle prend conscience de son handicap.


 


 

Mais Anne Émond se garde bien de faire un film sur le harcèlement scolaire. Juliette prend sur elle, résiste et montre un visage qui ne peut qu’encourager les jeunes qui verront ce film, même si la réalisatrice l’a tourné surtout pour les adultes qui y retrouveront leur enfance et pourront aider leurs enfants en difficulté.

Ce film est un petit bijou de sensibilité et d’humour tendre, interprété par une bande de jeunes pour la plupart non-professionnels, qui se sont montrés particulièrement attentifs et concentrés.


 

Les quatre rôles adolescents principaux sont cependant tenus par de jeunes acteurs ou des artistes, notamment Alexane Jamieson dans le rôle-titre, qui n’a pas hésité à prendre huit kilos pour le personnage ; Léanne Desilets qui a débuté comme danseuse et joue dans une série télé très connue au Québec ; Gabriel Beaudet dans le rôle du jeune autiste remarqué par son professeur de théâtre et, enfin, le bel Antoine Desrochers découvert chez Xavier Dolan dans Juste la fin du monde.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°398, décembre 2019


Jeune Juliette. Réal, sc : Anne Émond ; ph : Olivier Gossot ; mont : Alexandre Leblanc ; mu : Vincent Roberge. Int : Alexane Jamieson, Léanne Désilets, Robin Aubert, Gabriel Beaudet, Antoine Desrochers, Christophe Levac (Canada, 2019, 97 mn).



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