Venant après The Artist (2011), il est peu de dire que Michel Hazanavicius se renouvelle avec cette production consacrée à la seconde guerre de Tchétchénie (1999), qui nous fait passer des désastres du conflit, au parcours d’un gamin, Hadji, dont les parents ont été massacrés par des soldats russes, et que recueillera une chargée de mission pour l’Union européenne (interprétée par Bérénice Bejo).

Le film alterne ainsi, un peu paresseusement, la "reconstruction" du petit garçon (Boris Cyrulnik est passé par là) avec les trajets respectifs d’un soldat enrôlé dans l’armée russe et de la sœur aînée de Hadji, partie à la recherche de celui-ci.

Mélangeant des "pros" tel que Bérénice Bejo ou Annette Benning, et des acteurs non-professionnels, Hazanavicius semble vouloir bénéficier de cette "loi de l’amalgame", dégagée par Bazin à propos de certains films italiens, et qui voudrait que les qualités propres aux uns "déteignent" en quelque sorte sur les autres.

Cette chimie toute particulière donne lieu ici à un film choral pas toujours crédible, où la réflexion paraît trop souvent céder le pas à l’émotion : sans vouloir refaire le coup du "travelling de Kapo", ni exiger à tout prix le "point de vue opposé" (ce que moquait Billy Wilder à propos des contempteurs de films antinazis !), on peut être gêné par ces plans de cadavres couplés, en accompagnement musical, par une chorale enfantine.

Quant à la "déshumanisation" du soldat, l’essentiel nous semble avoir été dit par le Full-Metal Jacket de Kubrick, autrement plus fort et plus troublant, là où le cinéaste français paraît exiger du spectateur, à l’image de son gamin tchétchène répondant "oui" à toute question, un acquiescement systématique à tout ce qu’il filme.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

The Search. Réal, sc, mont : Michel Hazanavicius ; ph : Guillaume Schiffman ; mont : Anne-Sophie Bion. Int : Bérénice Bejo, Annette Benning, Maxim Emelianov, Zukhra Duishvili (France-Géorgie, 2014, 134 mn).