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Des étoiles (2013)
de Dyana Gaye
publié le samedi 25 avril 2020

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°358, mars 2014

Sortie le mercredi 29 janvier 2014


 


Il se dégage de ce premier film de Dyana Gaye une grâce particulière, emplie de mélancolie. Elle nous plonge au cœur de la diaspora africaine, trop souvent disséminée aux quatre coins de la planète et qui a du mal à retrouver ses repères. Le film se compose comme un puzzle dans trois endroits bien distincts : Dakar, Turin et New York, avec des allers et retours permanents qui, malgré une narration éclatée, donnent une impression de continuité à cette belle histoire d’amour inachevée qui meurt pour renaître dans une autre.


 

La réalisatrice est à l’image de son film, puisqu’elle se sent à la fois française, africaine et italienne. Elle est née à Paris, a étudié le cinéma à l’université de Paris 8 avant d’être lauréate de la bourse Louis-Lumière pour son premier court métrage, Une femme pour Souleymane. C’est dans la continuité de son quatrième court, Un transport en commun, que se situe Des étoiles. (1) Dyana Gaye avoue être partie de Souki et Malick, deux des personnages de ce film, pour les adapter dans une deuxième histoire. Souki se rend aux obsèques de son père et Malick s’est transformée maintenant en Sophie, jeune femme partie en Italie à la recherche de l’homme qu’elle aime qui a émigré à New York sans la prévenir.


 

Tous ces croisements disent bien l’errance et la volonté d’union des Africains. Le passage sur l’île de Gorée n’est pas inutile pour faire comprendre comment s’est développée l’arrivée des Noirs sur le continent américain, qui en était dépourvu avant les débuts de l’esclavage. Sophie en Italie, Abdoulaye à New York et Thierno dans son retour aux sources au Sénégal, pour lui qui ne connaît que New York.

L’occasion est belle, lors de son arrivée à l’aéroport, accueilli par la famille de Dakar après la mort de son père, de nous proposer une peinture du Sénégal avec ses palabres, ses costumes aux couleurs chatoyantes, la famille élargie et quelque peu envahissante. Des images d’enfants nous resteront en mémoire, tout comme le portrait de la jeune cousine amoureuse de Thierno et qui, sur le bateau devant l’île de Gorée, lors de leur rencontre avec des touristes américains, osera se faire passer à son tour pour une New-Yorkaise.


 


 

Il ne s’agit pas seulement d’un film sur le voyage et l’immigration, mais aussi sur l’amour et ses leurres, sur les rencontres fortuites qui changent la vie, comme Sophie qui va rencontrer Vadim, jeune Russe qui lui fera oublier Abdoulaye - c’est un peu La Ronde, car Abdoulaye reviendra sans doute et ne la trouvera plus.
On ne peut s’empêcher d’imaginer une suite car le film nous propose des pistes, des débuts d’histoire, sans mâcher le travail - nous ne sommes pas dans un melting-pot style Klapisch.


 


 

Des étoiles s’épanouit entre documentaire et fiction, en nous proposant de belles images - plastiques magnifiques, visages comme des sculptures Masaï, lumières, atmosphère à chaque fois la même et à chaque fois différente, que l’on se trouve à Turin, à New York ou à Dakar. Mais partout la même mélancolie, teintée de bonne humeur et de fatalisme. Une pensée pour les acteurs, tous très naturels et convaincants, pour la directrice de la photographie, Irina Lubtchansky, et pour Cécile Vargaftig qui a imaginé le scénario avec Dyana Gaye.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°358, mars 2014

1. Avant ce premier long métrage, Dyana Gaye a réalisé 4 courts métrages : Une femme pour Souleymane (2000), J’ai deux amours (2005), Deweneti (2006) et Un transport en commun (2009), nommé au César 2011 du meilleur court-métrage.


Des étoiles. Réal : Dyana Gaye ; sc : DG, Cécile Vargaftig ; ph : Irina Lubtchansky. Int : Ralph Amoussou, Marième Demba Ly, Souleymane Seye Ndiaye, Mata Gabin, Andrei Zayats (France-Sénégal, 2013, 88 mn).



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