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White God (2014)
de Kornél Mundruczó
publié le mardi 2 décembre 2014

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°360, été 2014

Sortie mercredi 3 décembre 2014
Grand prix Un certain regard du festival de Cannes 2014

Tourné dans la ville de Budapest, White God se présente comme une fable située en un avenir proche et dont l’argument résonne un peu lourdement avec "notre" monde actuel.

Qu’on en juge : afin de privilégier les chiens de race, une nouvelle loi impose une taxe sur les races bâtardes, que nombre de maîtres peu aimants ont vite fait d’abandonner, provoquant ainsi l’engorgement des refuges canins.

La protagoniste du film est une adolescente qui vit avec son père en compagnie de Hagen, brave bête aux yeux attendrissants dont les aboiements perturbent toutefois, à l’occasion, les répétitions d’orchestre auxquelles participe la jeune trompettiste accompagnée de son fidèle animal.
Relâché en pleine rue par le père contre la volonté de sa fille, Hagen sera recueilli par des maîtres de plus en plus cruels (le réalisateur hongrois applique ici aux humains la logique retenue par Hitchcock pour ses Birds : toujours plus méchants !) jusqu’à participer à des combats de chiens particulièrement atroces.

Suivant en cela le principe du White Dog ( !) de Fuller, la bête en deviendra elle-même agressive et vengeresse. Elle rejoindra une bande de chiens errants (où l’on sent bien déjà, en plein anthropomorphisme collectif, que quelque chose se fomente) puis sera capturée et jetée à la fourrière.

Au plan purement technique, le plus spectaculaire, dans cet apologue bien décevant pour le réalisateur de Johanna et Delta (et bien loin du "philosophique" Demain les chiens de Clifford D. Simak) est sans doute le déferlement animalier en pleine rue qui succède à l’"évasion" de la fourrière.

Mais, pour couronner le tout, Mundruczó a cru bon de conclure sur un air de trompette joué par la jeune fille au cœur pur, qui, sur le mode de "la musique adoucit les molosses", parvient à faire se coucher comme une seule bête la myriade d’animaux devenus soudain dociles.

Le finale est alors bien ce qu’il veut être : désarmant.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°360, été 2014

Fehér Isten (White God). Réal : Kornél Mundruczó ; sc : K.N., Viktória Petrányi, Kata Wéber ; ph : Marcell Rév ; mont : David Jancso. Int : Zsófia Psotta, Grad Tzahi, Sándor Zsóttér, Lili Monori (H/D/SU, 2014, 119 mn).

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