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Perret, Thomas & Cosandey, Roland (livre)
Paillard Bolex Boolsky (2013)
publié le mercredi 13 juillet 2016

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°360, été 2014

Thomas Perret & Roland Cosandey, Paillard Bolex Boolsky, Yverdon-les-Bains, éditions de la Thièle, 2013.


 


Il y plusieurs mois que ce livre avait été reçu - il a fallu l’effondrement de quelques piles de ses congénères sédimentés pour qu’il retrouve la lumière.
Bel ouvrage, sous une couverture en carton d’une épaisseur comme on n’en voit plus, cachant, en prime, un DVD dans sa poche marsupiale. Et portant sur un sujet dont ne nous connaissons pas grand-chose : l’histoire de la caméra Bolex, de son inventeur, Jacques Boolsky, et de son fabricant, l’usine Paillard.

La Bolex, c’est cette caméra 16 mm qui, des années 30 aux années 60, a équipé les amateurs d’un outil de professionnel et les professionnels d’un outil increvable. C’est elle qu’emportait le professeur Auguste Piccard dans ses explorations sous-marines, que Haroun Tazieff trimbalait sur le Stromboli, avec laquelle Maya Deren a filmé Meshes of the Afternoon, Andy Warhol tous ses films à la Factory et Jonas Mekas ses carnets de voyage.
Jolis certificats ! Le livre, composé à partir des éléments rassemblés pour une exposition montée à Yverdon en 2004, nous apprend tout sur la mise au point de l’appareil et son inventeur, ingénieur russe autodidacte, qui, après un Cinégraphe Bol 35 mm en 1923, mit au point la première Bolex 16 en 1927, avant que son entreprise artisanale ne soit reprise par la maison Paillard, manufacture plus que centenaire, spécialisée dans l’horlogerie, les boîtes à musique, les machines à écrire (les fameuses Hermès) (1) et, à partir de 1930, les caméras.
Devenu ingénieur-conseil du fabricant, Jacques Boolsky participa à la création de la H16, Bolex aussi mythique que la Nagra III de Stefan Kudelski, inventa le Ciné-Fader, gadget remarquable qui permettait d’obtenir des fondus au tournage.
Et surtout, pour démontrer les possibilités de la production-maison, il tourna des films, une grosse soixantaine de courts métrages entre 1924 et 1939, aussi bien films de famille que films à scénario, films d’animation et films publicitaires, dont le DVD offre un échantillonnage assez plaisant.

Ainsi, Cette nuit-là…, "film d’anticipation" - mais à peine, puisque, réalisé en 1936, il évoque les protections nécessaires en cas d’attaque aérienne -, fort intéressant, malgré la maladresse de ses "acteurs". Ou Une bonne idée, amusante publicité pour la Loterie romande de 1938. Ou La Cigale et la Fourmi, sur des dessins très réussis de Jules-Ami Courvoisier, qui supporte presque la comparaison avec La Joie de vivre de Gross & Hoppin, réalisé à la même date (1934).

Il est rare de pouvoir découvrir une œuvre inconnue, même lorsqu’elle ne bouleverse pas notre vision de l’Histoire. La partie de l’ouvrage consacrée à Paillard est due à Thomas Perret, la partie Boolsky à Roland Cosandey, dont on connaît l’impeccable érudition. Voilà de quoi alimenter la soif de savoir des amateurs.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°360, été 2014

1. Et même des taille-crayons et des étuis à baïonnette…


Thomas Perret & Roland Cosandey, Paillard Bolex Boolsky, Yverdon-les-Bains (Suisse), éditions de la Thièle, 2013, 188 p.



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