Heike Hurst (1938-2012)
Jeune Cinéma n°355, automne 2013
publié le lundi 23 octobre 2023


 


 

Heike Hurst (1938-2012) a collaboré à Jeune Cinéma du n°207 d’avril 1991 jusqu’au n°347-348 de septembre 2012, ainsi qu’au numéro Hors série consacré à Andrés Tournès, octobre 2012.
Elle collabora également à Bref, Cinéma, Images et son.

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La critique de cinéma (Jeune Cinéma…), professeure d’allemand et animatrice radio (Radio Libertaire) Heike Hurst est morte, emportée par un cancer du pancréas.
Née en 1938 à Gotha (Allemagne), elle avait fait ses études à Paris, où elle s’est installée.
Heike Hurst était pour nous la"femme aux cheveux rouge" que l’on adorait retrouver d’un festival à l’autre : une spectatrice avide et drôle, qui avait toujours découvert LE film génial, hyper-politisé, qu’on avait évidemment raté. Depuis le premier café, pris il y a vingt ans sur le port de La Rochelle, jusqu’à la bière (sans mousse) en juin après une projection du Faust de Alexandre Sokourov (2011), on l’a toujours considérée comme une bienveillante amie en cinéphilie. Elle sera incinérée demain à 10 heures au cimetière du Père-Lachaise (Paris XXe).

Didier Péron - 6 décembre 2012 à 19:07

La journaliste et critique du cinéma Heike Hurst reçoit Gérard Courant en juillet 2004 sur Radio Libertaire à Paris (France) pour son film "24 Passions", consacré au chemin de croix du Vendredi Saint de Burzet en Ardèche (France).
Cette séquencee est extraite de l’épisode "Les Saisons et les jours" (24 novembre 2003-7 juillet 2004) des "Carnets filmés" de Gérard Courant.

 
ÉDITO
 

"Jusqu’où aurait-il donc fallu poursuivre la route ?
Les jours d’après la mort à ceux d’avant la vie
en un cercle bien rond s’enchaînent
À présent j’ai droit au silence
Malgré la foule des paroles
Malgré les milliers de chansons
la tristesse ne s’est jamais dissipée et pourtant
La joie non plus ne s’est jamais envolée"

Shuntaro Tanikawa, L’Ange au grelot.


 

Parmi tous les témoignages de sympathie reçus par ses proches après le décès de Heike Hurst, c’est sans doute cet extrait d’un poème de Shuntarô Tanikawa, envoyé par une amie, et illustrant L’Ange au grelot de Paul Klee, qui semble le mieux exprimer notre sentiment, entre tristesse et sérénité. Tristesse - comment faire autrement ? Sérénité, parce que si Heike est partie, ce fut en combattant, sans jamais baisser la garde, comme elle l’avait toujours fait.

Si nous n’avons pas repris les premiers vers du poème – "Les choses que j’aurais tant voulu écrire / sont celles que je n’ai jamais su mettre en mots" -, c’est parce qu’ils sont l’exact contraire des rapports que Heike Hurst entretint avec l’écriture. Durant vingt et un ans, elle fut de tous les numéros de Jeune Cinéma, et jamais nous ne l’avons vu hésiter : elle sut toujours utiliser les mots pour dire ou écrire ce qui lui paraissait devoir l’être, sans jamais céder au prêt-à-penser, ne respectant que ce qui lui paraissait le mériter. Elle ne s’en laissait pas conter – elle aurait assurément apprécié la quatrième de couverture, la flamboyante créature ornant le n°1 du Bonnet rouge, l’hebdomadaire dirigé par Miguel Almereyda, anarchiste et père de Jean Vigo.

En presque cinquante ans, la revue a vu disparaître bien de ses rédacteurs et a tenté, avec les moyens du bord, de marquer leur passage. Andrée Tournès () a jadis composé une anthologie des textes de Jean Delmas. Bernard Chardère (1930-2023 a recueilli tous les articles de Anne Kieffer (). Anne Vignaux-Laurent a rassemblé les témoignages en hommage, à son tour, à Andrée Tournès. (1)
En attendant plus, par exemple un choix de ses textes publiés en France et en Allemagne, notre célébration de Heike Hurst sera, pour l’instant, modeste : quelques entretiens inédits, effectués depuis le début du siècle. Heike était une remarquable meneuse de dialogues, comme le savaient les auditeurs de ses mercredis de Radio-Libertaire. Lors d’un festival, elle pouvait échanger de plain-pied aussi bien avec un lauréat qu’avec un débutant, avec Abbas Kiarostami qu’avec Damien Odoul. Bon nombre des interviews qu’elle a ainsi réalisées n’ont pu trouver place, en leur temps, dans Jeune Cinéma. Nous en avons choisi quelques-unes, façon de saluer sa mémoire en ajoutant à son œuvre ces quelques pages inconnues, savoureuses pour ses lecteurs.
Nous aurions pu les inscrire au sommaire d’un numéro double habituel, entre "Dossiers" et "Actualités". Mais lui dédier un numéro entier était une manière de lui rendre un hommage plus fort. Ce n°355, qui ouvre la cinquantième année de la revue, lui appartient donc pleinement.

Lucien Logette

P.S. Le numéro est mince. Explication : un numéro double contient 148 pages. Il fallait que les deux numéros contiennent à peu près ce nombre de pages, afin que l’économie de la revue n’en pâtisse pas trop. Mais Jeune Cinéma tient à choyer ses abonnés : 110 pages pour le n°354, 52 pour le n°355, le solde est largement positif.

1. Jean Delmas, Une vie avec le cinéma (toujours disponible).
Au cinéma avec Anne (épuisé).
Andrée Tournès (n° Hors série, en voie d’épuisement).


 
SOMMAIRE
 

* Éditorial, par Lucien Logette.
* Avis, par Jo Guérin.
* Le combat de la vie et du cinéma, par Étienne Ballerini.

* Quelques entretiens de Heike Hurst avec :

* Claire Simon & Denis Gheerbrant.
* Claire Simon & Mimi Chiola.
* Lucian Pintilie.
* Chantal Akerman.
* Émilie Deleuze .
* Sally Tsiga.
* Naomi Klein & Avi Lewis.
* Vahina Giocante.
* Joana Hadjithomas & Khalil Joreige.

* Jungle Red, par Lucien Logette.
Entretiens dans Jeune Cinéma.


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