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JC n°406-407 - printemps 2021

publié le mardi 6 avril 2021

Couverture : Jacques et Pierre Prévert (DR).

Quatrième de couverture : Nous avons bu la même eau de Serge Avédikian (2006). Montage de Anne Vignaux-Laurent.

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ÉDITO JC n° 406-407, printemps 2021

 

Dans notre dernier éditorial, nous émettions quelque doute quant à la promesse de la ministre de la Culture (mais il y a si longtemps qu’on la prétend remplacée par un hologramme qui suffit à lui donner une fallacieuse impression de mouvement) de permettre la réouverture des salles de spectacle le 6 janvier 2021.
Trois mois plus tard, tous ces espaces demeurent fermés, et, eu égard au dynamisme actuel de la responsable de l’institution culturelle (le seul commentaire de sa part sur l’occupation spontanée des théâtres fut de regretter les dangers courus par ces lieux de patrimoine !), on peut être certain que la même situation perdurera en mai 2021, lorsque paraîtra notre prochain numéro. Qu’écrire de plus ? Ce qui était dramatique en décembre 2020 est catastrophique en mars 2021. On cherche un qualificatif pour les mois qui viennent.

Une solution : puisque les églises peuvent être fréquentées sans crainte, pourquoi ne pas en faire des salles de spectacle éphémères ? Avec un programme choisi, afin de ne pas désespérer l’évêché, manière de renouer avec le frémissement collectif devant un écran autre que domestique. Nous serions même prêt à revoir - mieux vaut des films édifiants que pas de films du tout -, Des hommes et des dieux ou La Prière, gardant Viridiana ou Le Miraculé pour le retour des beaux jours. On connaît en province quelques cinémas confortablement installés dans des lieux de culte désaffectés, pourquoi attendre ? Nos amis de La Clef, bientôt chassés de leurs salles historiques près de la Sorbonne-Nouvelle, pourraient investir l’église St-Médard, ou même la Mosquée toute proche. L’idée est lancée.

Quant au nombre de films déprogrammés, reportés, oubliés, définitivement disparus, on n’en connaîtra sans doute jamais le chiffre exact.
Sachant que L’Annuel du Cinéma répertorie, bon an mal an, environ sept cents titres en exploitation, et que, depuis le 16 mars 2020, les salles n’ont été ouvertes que quelques mois, on ne peut se livrer qu’à des pourcentages approximatifs. De toutes façons, c’est un massacre, dont chacun, réalisateurs, producteurs, exploitants, aura du mal à se relever à court terme. Certes, il y a Netflix, les sites de VOD, les éditeurs de DVD & Blu-ray, toujours actifs. Mais il ne s’agit là que d’une consommation de compensation, du cinéma en boîte. Comme on le voit avec les festivals en ligne, contraints de trouver des systèmes tortueux pour assurer l’événement, la Berlinale en étant le plus récent exemple - une compétition virtuelle et des projections à la fin du printemps. Cannes, échaudé par sa suppression en mai 2020, aura lieu avec deux mois de décalage, en juillet 2021, juste après Bologne et La Rochelle, entre deux confinements, et seulement si le virus le permet. It’s a wonderful life, comme disait Frank Capra.

Notre lien assez relâché avec l’actualité nous permet de traverser cette période peu faste sans devoir nous battre les flancs pour meubler notre sommaire. Mais, une fois de plus, la rubrique "Actualités" est composée à l’aveuglette. Les films qui y figurent avaient tous une date de sortie prévue. Certains échapperont à la trappe, certains disparaîtront sans être jamais montrés, certains émergeront sur les plateformes. Leur point commun : chacun mérite d’être vu ; il importait de prendre date.

C’est la troisième fois que nous évoquons la parution du coffret Pierre Prévert, chez Doriane Films. Nous l’annoncions imminent, en octobre puis en décembre 2020, c’est désormais chose faite - et les disques, de sons et d’images, étant enfin considérés comme des produits essentiels, se le procurer aisément est possible ; il s’agit même d’une ardente obligation. L’affaire est dans le sac et Voyage surprise sont deux petites planètes de la galaxie des Prévert, celles où l’évidence de leur fraternité est la plus marquante : Jacques et Pierre n’ont pas souvent pu travailler ensemble, en tout cas moins qu’ils ne l’auraient souhaité. Puisque ces traces de leur activité rigolarde nous sont offertes, il serait mal venu de ne pas en profiter.

Les éditions Montparnasse avaient édité l’an dernier un coffret, Mémoire arménienne, auquel nous avons eu tort de ne pas faire écho immédiatement. Il n’est jamais trop tard - et les films de Serge Avédikian et de Jacques Kebadian sont comme la revue, ils ne courent pas après l’événement, ils sont là pour porter témoignage sur un peuple et sur un pays.

Quant à Sen no Rikyu (1522-1591), avouons que si nous connaissions le film de Kei Kumai, La Mort du maître de thé, nous ignorions, comme le montre Andrea Grunert et sa plaisante érudition, que sa pratique raffinée avait été autant illustrée par les cinéastes japonais.

Érudition est également le terme qui convient pour la nouvelle rubrique inaugurée ici, "Chercheurs et curieux", en référence à la fameuse revue mensuelle L’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, qui, entre 1864 et 2016, rassembla tous les coupeurs de cheveux en quatre qui s’interrogeaient et se répondaient sur tous les sujets. Plus modestement, on y trouvera des lumières sur des oubliés, des points de détail inconnus, en bref, le sel de la terre pour les amateurs. Cette première salve est tirée par ce que l’on peut trouver de mieux dans le genre - mais la rubrique est ouverte à tous.

On ne peut repousser les murs et tout ce qui n’a pu trouver place dans ce numéro sera au sommaire du n°408 - l’hommage (enfin) à Jacques Chevallier, la redécouverte de Morris Engel & Ruth Orkin, Mauritz Stiller et Sidney Paterson. Que du beau monde.

Lucien Logette

P.S. : Nous avions imprudemment affirmé (n° 404-405, p. 115) que la revue Soulèvement de la jeunesse n’avait eu qu’un numéro. Merci au lecteur nantais érudit (encore un) de nous avoir rappelé qu’elle en avait publié neuf, entre 1952 et 1954. On promet de ne plus écrire n’importe quoi.



 

SOMMAIRE JC n°406-407, printemps 2021

 

Coup de chapeau
 

* Retour des frères Prévert, par Lucien Logette.
* Étapes d’une reconstruction, par Daniel Vogel.

Entretien
 

* Arménie, toujours présente. Rencontre avec Serge Avédikian & Jacques Kebadian, par Gisèle Breteau Skira.

Du monde entier
 

* Sen no Rikyu, le maître de thé, par Andrea Grunert.

Festivals
 

* Venise 2020, par Sylvie Strobel et Claudine Castel.
* Lyon, Lumière 2020, par Philippe Roger.
* Les Arcs 2020, par Alain Souché.

Documentaires
 

* Denys Arcand, par Robert Grélier.
* Festival Jean Rouch 2020, par Nicole Gabriel.
* Plogoff, des pierres contre des fusils, par Robert Grélier.
* Paul Virilio, par Nicolas Villodre.
* Helena Trestikova, par Nicole Gabriel.

Patrimoine
 

* Inferno 25 : La plénitude de la réparation, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.
* Cantatrices au cinéma, par René Prédal.
* Charlie Chaplin, le génie de la liberté, par Nicolas Villodre.
* Pour saluer Robert Payne, par Jean Durançon.
* Guy Gilles, un cinéma de la dissonance, par Francis Guermann.

DVD
 

* Glanures, de C.B. De Mille à Caroline Vignal, par Philippe Roger.
* Chronique du printemps 2021, par Jérôme Fabre.
* Variétés, par Robert Grélier.
* Jeanne d’Arc (Gustav Ucicky), par Nicole Gabriel.

Chercheurs et Curieux
 

* Feu(x) sur Ashelbé, par Claude Gauteur.
* Mario Bonnard, par Jean A. Gili.
* Max Kolpe, par Andrée Tournès.

État des lieux
 

* Les séries télévisées vont-elles remplacer le cinéma en salles ?, par René Prédal.

Actualités
 

* Digger, par Gisèle Breteau Skira.
* Funambules, parJean-Max Méjean.
* Il varco, par Gisèle Breteau Skira.
* Les Travaux et les Jours, par Nicole Gabriel.
* La Terre des hommes, par Gisèle Breteau Skira.
* The Last Hillbilly, par Jean-Max Méjean.
* Lucinda Urristi, peintre, par Nicole Gabriel.
* Le Père de Nafi, par Jean-Max Méjean.
* La Bataille du rail, par Jean-Max Méjean.
* Si le vent tombe, par Gisèle Breteau Skira.

Livres
 

* Michel Sportisse, Mauro Bolognini, une histoire italienne, par Lucien Logette.
* Vincent Roussel, Bertrand Blier, cruelle beauté, par Lucien Logette.
* Iris Brey, Le Regard féminin, une révolution à l’écran, par Fanny Pelinq.

Nécrologie
 

* Franco Giraldi (1931-2020), par Jean A. Gili.
* Pierre Lherminier (1931-2021), par Lucien Logette.

Humeurs
 

* Combien d’images par seconde, par Bernard Chardère.
* Sur Bertrand Tavernier, par Bernard Chardère.



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