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9 jours à Raqqa (2020)
de Xavier de Lauzanne
publié le mercredi 8 septembre 2021

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Sortie le mercredi 8 septembre 2021


 


9 jours à Raqqa est un film documentaire tourné au cœur d’une ville détruite, premier d’une trilogie à venir, suivi en 2022 de Radio Al-Salam et de Mossoul Campus.
Leila Mustapha, jeune femme syrienne d’origine kurde, a trente ans, elle est ingénieure en génie civil, coprésidente du Conseil civil de Raqqa, aujourd’hui maire de Raqqa, l’ancienne capitale autoproclamée de l’État islamique en Syrie. Marine de Tilly, écrivaine française, se rend en Syrie pour la rencontrer dans le but de réaliser un livre, Xavier de Lauzanne filme leur rencontre pendant neuf jours dans les ruines de Raqqa. Le trompettiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf crée différents morceaux de musique qui évoquent à la fois tragédie et espérance.


 

Le film mêle des images d’actualités télévisées des printemps arabes de 2011 en Tunisie, en Égypte, en Syrie ou au Yémen et dans d’autres pays arabes au long passé de régime autoritaire, des prises de vues directes sur la ville de Raqqa, ses habitants et ce que peut relater Leila Mustapha devant les bâtiments, les places, les rues, totalement disparues. Le silence parfois lui noue la gorge, face à certains lieux d’horreur et de souffrance symbole de la barbarie, et devant la tombe d’Omar Allouche qui fut son ami, assassiné.


 

On a envie de comprendre comment une telle jeune femme parvient à déployer autant de force, de témérité et de bravoure pour faire face à une situation aussi désespérante que très dangereuse. La situation politique à Raqqa depuis 2017 n’est pas encore stabilisée, malgré la chute de Daech, d’autres mercenaires islamistes sont présents dans les régions et pays alentours. Xavier de Lauzanne montre bien l’atmosphère qui règne dans la ville, le tournage difficile, les astuces pour éviter les problèmes et il filme la ville sur des kilomètres, les pans entiers de murs écroulés, les immeubles éventrés, les étages défoncés, tas de gravats et décombres, un chaos de cendre et de poussière.


 

Un film en neuf séquences, des plus ardues aux plus apaisées. Leila Mustapha est la preuve vivante que quelque chose est possible face à l’obscurantisme, avec l’intelligence, la patience et la volonté.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021


9 jours à Raqqa. Réal, sc, ph : Xavier de Lauzanne ; mont : Jean-Maxime Besset ; mu : Ibrahim Maalouf (France, 2020, 90 mn). Documentaire.



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