À la fois drôle et déchirant, le livre de Jennifer Vogel, Flim-Flam Man, raconte sa relation tumultueuse avec son père - l’un des plus grands faussaires de l’histoire des États-Unis -, parallèlement à son ascension de journaliste réputée et d’écrivaine. Le producteur William Horberg en a acquis les droits et a entrepris un périple de quinze ans aux côtés de Jennifer Vogel pour porter son histoire à l’écran.

Et c’est Sean Penn qui a été chargé de la réalisation. Il ira même jusqu’à interpréter lui-même le personnage de Vogel en confiant le rôle de sa fille Jennifer à sa propre fille, Dylan Penn, une véritable révélation.

Mis en lumière par Danny Moder, Flag Day (autrement dit "Jour du drapeau", car John Vogel est né un 14 juin) agit comme une sorte de mémoire incantatoire, superbement soutenue par la voix magnifique de la narratrice, Dylan, dans cette véritable affaire de famille où l’on croise également son frère Hopper Jack Penn, dans le rôle de Nick Vogel.

On retrouve dans le film la mélancolie déjà à l’œuvre dans Into the Wild et le tempo des ballades folk d’un temps pas si lointain. On comprend Dylan Penn lorsqu’elle raconte avoir adoré jouer dans le dernier film, sobre et intimiste, de son père.

Mais l’histoire de famille ne s’arrête pas là, elle se vivifie aussi dans le reflet de leur propre vie ainsi qu’elle le confie : "J’ai lu le livre quand j’étais beaucoup plus jeune, vers 12 ou 13 ans, donc je me suis toujours sentie liée au sujet de façon nostalgique. J’ai eu une relation très compliquée, même si magnifique, avec mon père, et j’ai trouvé beaucoup de similitudes dans la relation Jennifer-John". Cinéthérapie ou autoscopie ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°410-411, septembre 2021

Flag Day. Réal : Sean Penn ; sc : Jez Butterworth, d’après Jennifer Vogel ; ph : Daniel Moder ; mont : Valdis Oskardottit ; mu : Joseph Vitarelli. Int : Sean Penn, Dylan Penn, Josh Brolin, Eddie Marsan (USA, 2021, 108 mn).