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First Cow (2019)
de Kelly Reichardt
publié le mercredi 20 octobre 2021

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle de la Berlinale 2020

Sortie le mercredi 20 octobre 2021


 


Nous sommes dans l’Oregon au tout début du 19e siècle, à l’époque des pionniers venus d’Europe, et la vie y est rude. L’action se déroule dans un site naturel, quasi primitif, comme l’évocation de ce mythe des origines que Kelly Reichardt met en scène depuis vingt ans.


 


 

Inspiré du roman de Jonathan Raymond, The Half-Life, entre western et film écolo, First Cow, le film est complètement déroutant et inattendu. Savions-nous seulement que cette région était dépourvue de vaches ?
La seule appartient au riche propriétaire Chief Factor qui l’a fait venir d’un État voisin, elle est comme la prunelle de ses yeux. Quand il s’aperçoit qu’elle donne peu de lait, il attribue cela au fait qu’elle est sans doute stressée par son long voyage.


 


 

Mais il s’agit de toute autre chose. Un pâtissier crève-la-faim s’est acoquiné avec un Chinois en cavale après un meurtre qu’il a commis et tous deux ont décidé de vendre des beignets (délicieux) sur le marché pour assouvir leur rêve de partir en Californie. La nuit, ils vont traire la seule vache du coin, celle du riche propriétaire, cette belle vache rousse aux yeux pleins de tendresse.


 

Jusqu’au jour où ils se font prendre. On ne retrouvera que bien plus tard leurs ossements alors qu’ils ont péri dans la forêt en prenant la fuite.


 


 

Evie, la vache-actrice a été sélectionnée à partir de plusieurs photos de vaches, c’est elle qui avait les plus grands yeux. Et son arrivée dans le village, dans une barque plate, constitue le plus beau moment du film. La réalisatrice a déclaré que quand on travaillait avec des animaux, tout le monde devait fonctionner au ralenti et être attentif à l’animal. Si on le braque, on risque d’accumuler de la frustration". Evie a donc été très choyée par toute l’équipe.


 


 

Si le film propose une sorte de portrait de groupe, genre "La Vache et le pionnier", il n’est pas très difficile de tirer la morale de l’histoire. Kelly Reichardt propose ici une lecture du capitalisme et de sa fausse promesse d’émancipation et d’enrichissement personnel qu’on a appelée le rêve américain.


 

Mais au-delà de toute considération politique ou philosophique, le film est un hommage au lait de la tendresse humaine, à l’émerveillement devant la nature et à l’amitié. Le film s’ouvre sur une citation de William Blake qui figure dans le roman The Half-Life,  : "L’oiseau a son nid, l’araignée sa toile, et l’homme l’amitié", et, en effet, l’amitié y est centrale. "La citation de William Blake est le catalyseur de tout le reste", confirme Kelly Reichardt.
First Cow est une belle réussite. On y retrouve la même tendresse mélancolique que dans ses six précédents films.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe


First Cow. Réal, mont : Kelly Reichardt ; sc : K.R. & Jonathan Reymond ; ph : Christopher Blauvelt ; mu : William Tyler. Int : Evie, Alia Shawcat, John Magaro, Dylan Smith, Ryan Findley, Clayton Nemrow , Manuel Rodriguez , Orion Lee (USA, 2019, 122 mn).



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