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Milieu de l’horizon (le (2019)
de Delphine Lehericey
publié le mercredi 20 octobre 2021

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 410-411, septembre 2021

Sortie le mercredi 20 octobre 2021


 


Après Puppylove en 2013, la réalisatrice suisse Delphine Lehericey signe son deuxième long métrage, adaptation du roman de Roland Buti. L’action se déroule en 1976, une année de grande sécheresse et de mauvaises récoltes. Dans une famille d’agriculteurs, Jean (Thibaut Evrard) voit chaque jour ses poulets mourir sous la chaleur, ses plantations se dessécher et son jeune fils Gus (Luc Bruchez) prendre le large, quand il n’est pas avec sa mère adorée, Nicole (Laeticia Casta).


 

Celle-ci quitte de temps en temps le foyer pour donner des cours en ville. En fait, elle rejoint Cécile (Clémence Poésy) avec qui elle file le parfait amour.


 
Les événements quotidiens pèsent un peu plus chaque jour. Comme une fièvre inexpliquée qui envahit leur corps, les personnages sentent monter une menace abstraite et imprévisible qui les guette, sans en énoncer la véritable cause, si ce n’est, en apparence, ce terrible coup de chaleur qui détruit lentement leur moyen de subsistance. Chacun prend la mesure de ses actes, ramasse les poulets morts, déchire les bâches pour aérer le poulailler et demande de l’aide. Dans cette tourmente, Gus fuit loin de la ferme et découvre au détour d’un chemin sa mère enlacée avec Cécile. La déflagration est si forte pour lui qu’il enfourche son vélo et fonce sur la route ; la vitesse exalte ses sentiments, et loin de l’amour étouffant de sa mère, il est maître de son destin face au monde des adultes.


 

Il y a dans ce film une violence passionnelle comparable à celle que l’on trouve dans les films romantiques anciens, transposée de nos jours dans une campagne française. Des sentiments exacerbés, incandescents, des êtres possédés par l’émotion, une interprétation ardente. Le paysage, le climat et les sentiments bouleversés, chahutent et violentent les images comme si elles étaient montées au présent dans un rythme endiablé où tout explose. Les personnages sont fébriles, entre les cris de Jean, l’exaltation silencieuse de Nicole, la présence malencontreuse de Cécile, l’équilibre, même précaire, du foyer vole en éclats.


 

Plus rien ne sera comme avant. Laeticia Casta joue son rôle de mère, d’épouse et d’amante en dehors du devoir et de l’obéissance avec simplicité et fougue. Clémence Poésy ajoute à sa liberté de vivre, un soupçon de mal-être, la souffrance silencieuse de Thibaut Evrard surgit en fureur volcanique. Quant à Gus, il est l’être le plus sensible du film, faisant preuve de réflexion, de maturité, de capacité à pardonner et aller de l’avant.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 410-411, septembre 2021


Le Milieu de l’horizon. Réal, sc : Delphine Lehericey ; sc : Joanne Giger ; ph : Christophe Beaucarne ; mont : Émile Morier ; mu : Nicolas Rabaeus. Int : Thibaut Evrard, Laeticia Casta, Clémence Poésy, Luc Bruchez, Patrick Descamps (Suisse-Belgique, 2019, 92 mn).



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