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My Kid (2020)
de Nir Bergman
publié le mercredi 22 décembre 2021

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 22 décembre 2021


 


Après la réalisation de plusieurs longs métrages en Israël, dont notamment Broken Wings en 2004 (Prix du public à Berlin, Grand prix à Tokyo) et, en 2010, La Grammaire intérieure, Nir Bergman a créé, avec Ori Sivan, la série Betipul, adaptée par HBO aux États-Unis, et par Éric Toledano & Olivier Nakache, pour Arte en France sous le titre En thérapie. (1) Son dernier film touche au cœur et se pose comme une réflexion passionnante sur les relations père-fils.


 

Sous la forme d’un road-movie, My Kid raconte comment un père protège son fils, Uri, jeune adulte autiste, contre la méchanceté du monde et ses embûches. Le film commence par un plan magnifique où on les voit assis dans un train. Un écran d’ordinateur placé près de la fenêtre diffuse des images du Kid de Charlie Chaplin. On comprend peu à peu que c’est le film préféré d’Uri, qui le regarde en boucle, d’où le titre du film. Dans ce plan, où on les voit côte à côte, rien ne laisse imaginer qu’un drame se joue entre ces deux personnages. Tout est dit dans ces images inaugurales.


 

Père et fils se rendent ensuite à bicyclette à la maison familiale. Dès l’origine, on prend bien sûr le parti d’Aaron (Shai Avivi), qui, voulant échapper à la volonté de son ex-épouse de placer Uri dans une structure, va fuir dans son pays pour protéger son fils, dans une sorte de folle course poursuite. Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples et l’on sait combien il est difficile de s’occuper d’un enfant adulte. Aaron surprotège Uri, lui fait cuire les petites pâtes qu’il adore, mais accroît sa dépendance : son fils a besoin de son avis pour déterminer sa vie - lorsque sa mère lui offre un tee-shirt jaune, il a besoin que son père lui confirme qu’il aime bien cette couleur.


 

Le film se clôt sur un autre voyage, celui dans lequel on accompagne Uri dans son centre d’accueil. Lorsqu’Aaron revient le voir, on sent que son fils est partagé entre le désir de le suivre de nouveau et celui de rester avec ses nouveaux amis, par exemple pour manger avec eux des grosses pâtes, manière de quitter l’enfance dans laquelle, inconsciemment, son père le maintenait pour conserver son amour.


 

Ce film magnifique, tendre et bouleversant, apporte sur l’autisme une vision inhabituelle, bien différente des françaises. Mais laissons le dernier mot à Nir Bergman : "Ce n’est pas un film sur l’autisme, ni sur la relation entre un père et son enfant autiste, ou les difficultés d’un homme et de son enfant ayant des besoins spéciaux. C’est un film sur un père et un fils. Et l’inexorable séparation entre parents et enfants".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. La série BeTipul, créée par Hagai Levi, Nir Bergman & Ori Sivan, diffusée en Israël entre 2005 et 2008, a été adaptée dans de nombreux pays. Notamment aux USA, avec In Treatment, créée par par Rodrigo García, avec Gabriel Byrne et Dianne Wiest, et, donc en France, avec Frédéric Pierrot, Carole Bouquet, et, entre autres, Mélanie Thierry et Reda Kateb.
Cf. "Champ-contrechamp (freudien)", Jeune Cinéma n°408, mai 2021


My Kid (Here We Are). Réal : Nir Bergman ; sc : Dana Idisis ; ph : Shai Goldman ; mont : Ayala Bengad ; mu : Matteo Curallo. Int : Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman, Efrat Ben-Zur (Israël, 2020, 94 mn).



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