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Captives (2014)
de Atom Egoyan
publié le mercredi 7 janvier 2015

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

Sélection officielles du festival de Cannes 2014

Sortie mercredi 7 janvier 2015

Depuis De beaux lendemains, grand prix du jury à Cannes en 1997, Atom Egoyan n’avait plus enthousiasmé la critique.
Captives, ne réparera pas ce qui peut apparaître pour certains, dont je suis, une injustice.

Le cinéaste canadien, fidèle à lui-même, reprend les atours et les stéréotypes du thriller, pour finalement délaisser les ficelles très vite tendues et visibles de l’intrigue et se focaliser sur les tourments affectifs des héros.

En effet, s’il nous raconte bien le récit d’un kidnapping, par un pédophile au dandysme apprêté, d’une enfant de 9 ans et sa détention, pendant huit ans, avec des caméras de surveillance partout, aussi bien dans sa chambre que dans celles de l’hôtel où travaille sa mère, s’il nous décrit le désarroi et la colère du père, s’il nous fait suivre l’enquête d’une femme flic spécialiste des réseaux pédophiles et d’une inspecteur aux jugements hâtifs et aux méthodes parfois douteuses, la principale force du film tient dans les rapports entre les êtres, leurs douleurs contenues et si intimes que seule la solitude les accompagne.

On retrouve ici quelques réflexions propres au cinéma d’Egoyan, des conséquences psychologiques d’un drame intime (De beaux lendemains) à la relation entre victime et bourreau (Le Voyage de Felicia) en passant par les dérives des nouveaux moyens de communication (Adoration)…
Le cinéaste reprend aussi avec habileté la construction narrative éclatée (chronologie brisée en puzzle, ellipses et flashesback impromptus) qu’il avait inaugurée dans Exotica et développée dans La Vérité nue.

Un long plan magnifique sur un lac gelé, aussi paisible qu’angoissant, ouvre Captives et installe une paranoïa qui semble habiter le paysage, suivre les routes enneigées jusqu’à s’infiltrer dans les bouches d’aération d’hôtels donnant sur les chutes du Niagara. L’omniprésence de la neige ne fait que renforcer l’impression d’isolement de chacun des personnages, de Cassandra la séquestrée, servant d’appât sur le Net pour d’autres enfants à capturer, jusqu’à ses parents, Tina, la mère désemparée que l’on suit via les caméras de surveillance, et Matthew, le père hanté par une culpabilité qui le ronge depuis qu’il avait laissé sa fille sans surveillance.

Captives est un drame retenu, poignant et empathique, distillant les faux-semblants et délivrant les réponses à nos interrogations avec habileté.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

Captives. Réal : Atom Egoyan ; sc : David Fraser & Atom Egoyan ; ph : Paul Sarossy ; mu : Michael Danna : mont : Philip Barker & Susan Shipton. Int : Kevin Durand, Scott Speedman, Rosario Dawson, Ryan Reynolds (Canada, 2014, 113 mn).

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