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Baby Sitter (2022)
de Monia Chokri
publié le mercredi 27 avril 2022

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°415, mai 2022

Sélection officielle du Festival de Sundance 2022

Sortie le mercredi 27 avril 2022


 


Babby Sitter, sélectionné au Sundance film Festival en janvier 2022, a clôturé le Festival du film de femmes de Créteil 2022. C’est le deuxième long métrage de Monia Chokri, dont le premier film, La Femme de mon frère, avait déjà été remarqué, puisqu’il avait fait l’ouverture de la sélection Un certain regard à Cannes en 2019.
Monia Chokri - comédienne, réalisatrice, monteuse - et Catherine Léger - dramaturge et scénariste - s’appréciaient de loin. Quand les deux Québécoises se rencontrent, l’évidence s’impose à elles d’adapter pour le grand écran la pièce de théâtre à succès, Babysitter qui date de 2016. (1)


 

La collaboration est particulièrement réussie. Pour l’écran, elles n’ont effectué que très peu de modifications du texte originel, juste quelques changements de rythmes. La seule différence notable est peut-être que la pièce se déroulait avant le #MeToo, alors que le film se passe après.


 

Mais l’intrigue reste toujours d’une brûlante actualité. Nadine (Monia Chokri) est plutôt contente de retourner au travail après un congé parental. La bébée crie beaucoup. Cédric (Patrick Hivon), le père, a trouvé récréatif de diffuser sur quelque réseau social un grossier "je t’aime Chantal" sur un mode grivois et sexiste.


 

Il est rattrapé par la rumeur, son employeur le suspend et son frère le sermonne en l’exhortant à faire amende honorable, et à analyser cette misogynie. Cédric entame alors une thérapie, puis s’engage dans un livre-témoignage, il a du mal, il convient qu’il s’est mal conduit, il est penaud. Mais c’est plus fort que lui : les seins et les fesses des femmes le bouleversent, notamment les charmes d’Amy (Nadia Tereszkiewicz), la joyeuse baby sitter qui se présente à sa façon, innocemment impudique.


 


 

C’est un régal. Avec ce film, le monde est rétabli sur de bonnes bases : l’obsession sexuelle redevient le seul problème des hommes, pas celui des femmes. Ils sont tiraillés, fascinés, obsédés par des jeunes femmes, qui, elles, de leur côté, ne sont préoccupées que par leurs propres affaires dans un décor banal.


 


 

Amy, c’est un peu la visiteuse providentielle de Théorème (2) qui, par ailleurs, va sortir aussi Nadine de sa légère dépression post-partum. Malgré une entame surprenante - un match de boxe sanglant filmé en très gros plans - ce que la réalisatrice explique par les conditions de tournage pendant la pandémie et avec ses contraintes, le film est jeune, moderne, tonique, très marrant.

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma n°415, mai 2022

1. La pièce Baby-Sitter de Catherine Léger a été créée à Montréal, par le Théâtre Catfight en 2017, en co-diffusion avec La Manufacture, dans une mise en scène de Philippe Lambert, au théâtre La Licorne (18 avril-10 mai 2017).

2. Théorème (Teorema) de Pier Paolo Pasolini (1968).


Baby Sitter. Réal : Monia Chokri ; sc : Catherine Léger d’après sa pièce ; ph : Josée Deshaies ; mont : Pauline Gaillard ; mu : Emile Sornin ; déc : Geneviève Boivin-Roussy et Colombe Raby ; cost : Guillaume Laflamme. Int : Patrick Hivon, Monia Chokri, Nadia Tereszkiewicz, Steve Laplante, Hubert Proulx, Stéphane Moukarzel, Nathalie Breuer, Patrice Dubois, Ève Duranceau (France-Canada, 2022, 87 mn).



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