home > Films > Maladie de Sachs (la) (1999)
Maladie de Sachs (la) (1999)
de Michel Deville
publié le samedi 18 mars 2017

par Sandra Marti
Jeune Cinéma n°257, septembre 1999

Sortie le mercredi 22 septembre 1999


 


La maladie prend souvent le nom de celui qui la découvre et non de l’homme qui en a souffert le premier. "Vous ne croyez pas qu’il en fait un peu trop ?", demande Sachs - alors jeune interne - à un médecin devant un patient se tordant de douleur. Dans son film, Michel Deville, sur fond de souffrance, mêle aux souvenirs du docteur Sachs la polyphonie de ses patients et, à travers cette construction, bâtit une narration qui dévoile l’évolution d’un homme que l’on devine avoir été aux franges de l’inhumain et qui aujourd’hui semble s’être entièrement consacré à ses patients.


 

Tour à tour face à l’individu condamné à mort, face aux malades à qui l’on a dit que l’on ne pouvait plus rien pour eux, face à monsieur Guenot (magnifique André Thorent) qui vient pour sa visite de routine, le docteur Sachs, apprécié ou détesté par les uns ou les autres, écoute avec la même attention, quelle qu’en soit la gravité, les problèmes de chacun. Aucun fait particulier ne marginalise ce médecin de campagne qui essaie tant bien que mal de venir en aide à ses patients.


 

"Vous ne vous faites pas faire une facture pour les stylos ? Parce que quand on est médecin on écrit beaucoup", lui dit ironiquement le papetier. Gros plan sur la page blanche que le docteur comme à son habitude, en cachette de tous, s’apprête à noircir. Car le docteur Sachs écrit... Thérapie, analgésique, remords ? Quelle qu’en soit la raison, le docteur Sachs décrit depuis des années toute cette angoisse, toute cette violence des rapports humains qui rend malade, qui le rend malade.


 

Du petit garçon que sa mère refuse d’aimer, aux avortements qu’il pratique souvent, le docteur Sachs avec méthode note tout, le plus rigoureusement possible, dictaphone à l’appui : telle est la maladie de Sachs, nom du héros et de son syndrome, imaginée par Martin Winckler, auteur du roman initial, que Michel Deville a eu l’intelligence d’adapter - et d’adopter, pour reprendre un mot de l’écrivain.


 

Adopté voilà le terme que l’on pourrait également reprendre pour qualifier le jeu de l’ensemble des acteurs du film. Tous comédiens professionnels (le boucher excepté), ils semblent sortir tout droit d’un reportage, tant leur rôle semble leur coller à la peau. Dirigé avec l’habituelle sensibilité devillienne, chacun, avec sa voix, son corps, son émotion, contribue à la construction d’un personnage central qui existe autant par son écriture que par le regard que les autres posent sur lui.


 

Enfin retrouvé, après l’aventure décevante de La Divine Poursuite (1997), Michel Deville offre à Albert Dupontel un de ses meilleurs rôles, et fait réfléchir le spectateur sur un des principaux problèmes actuels de la médecine - et des patients : l’approche de la douleur par le corps médical.

Sandra Marti
Jeune Cinéma n°257, septembre 1999


La Maladie de Sachs. Réal : Michel Deville ; sc : M.D. & Rosalinde Deville d’après le roman de Martin Winckler (1998) ; ph : André Diot ; mont : Andrea Sedlácková ; mu : Jean-Ferry Rebel ; cost : Catherine Boisgontier. Int : Albert Dupontel, Valérie Dréville, André Thorent, Marie-France Santon, Bernard Waver, Dominique Reymond, Étienne Bierry, Nathalie Boutefeu, Albert Delpy Serge Riaboukine (France, 1999, 107 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts