C’est après avoir tourné un court métrage dans le milieu des combats de chiens au Maroc, que Kamal Lazraq a eu l’idée de ce premier long métrage. À la périphérie de Casablanca, là où s’étendent des kilomètres de bidonvilles au milieu de la misère, Hassan, le père, et Issam, le fils, vivent de trafics divers avec la pègre locale. Un soir, chargés par le gang de kidnapper un homme, ils passent la nuit entière à honorer la commande et à régler le problème.

Ayoud Elaid et Abdellatif Masstouri, deux acteurs non-professionnels, stupéfiants de présence, portent ce film noir d’un bout à l’autre. Dans de très beaux plans nocturnes dans la ville déchirée par les aboiements des chiens, la situation devient vite rocambolesque, car l’état de l’homme kidnappé est encombrant et pour obtenir l’argent promis, ils doivent s’en débarrasser de toute urgence avant l’aube. Difficultés, quiproquos, visions surnaturelles, fantômes ou djinn surviennent sur leur route.

L’atmosphère anxiogène, au suspense incertain, improvisé par le père et le fils, est d’une drôlerie surprenante qui perturbe ce climat et le rend encore plus fou. Un film noir dont les visages des protagonistes plutôt attachants, tirent vers la caricature entraînant une sympathie à leur égard, comme le ferait une comédie dramatique. Le dernier plan du film est digne du caractère provocateur et ironique de l’histoire.

Gisèle Breteau-Skira
Jeune Cinéma n°423, été 2023

Les Meutes. Réal, sc : Kamal Lazraq ; ph : Amine Berrada ; mont : Héloïse Pelloquet & Stéphane Myczkowski ; mu : P.R2B. Int : Ayoud Elaid, Abdellatif Masstouri (Maroc-France-Belgique, 2023, 94 mn).