home > Films > Caiti Blues (2023)
Caiti Blues (2023)
de Justine Harbonnier
publié le mercredi 19 juillet 2023

par Hugo Dervisoglou
Jeune Cinéma n°423, été 2023

Sélection ACID au Festival de Cannes 2023

Sortie le mercredi 19 juillet 2023


 


Caiti, une jeune Américaine dépressive, travaille dans un bar après avoir étudié l’art et intervient à la radio, où elle partage ses déboires. Justine Harbonnier s’attache à suivre son itinéraire durant la période où elle tente de s’en sortir. Pour ce faire, la réalisatrice emploie une image aux cadres fixes et fragmentaires, aux bornes spatio-temporelles troubles, mélangeant, par le montage, divers moments de la vie de son personnage.


 


 

La perturbation est accentuée lorsque l’auteure adjoint à ses plans des images que Caiti a tournées durant son enfance, et dont l’amateurisme candide tranche avec l’esprit morne du présent. De ce contraste naît un questionnement : comment est-on passé de cette période de bonheur à la dépression actuelle ? Ainsi, au travers du parcours de Caiti, la réalisatrice interroge-t-elle les divers maux dont souffre l’Amérique : la volonté obsessionnelle de réussite, l’individualisme, la paranoïa et la solitude.


 


 


 

Malgré l’aspect éclaté du récit, l’histoire se suit sans effort, à travers la progression psychologie de l’héroïne, qui, à mesure qu’elle reprend confiance en elle, reprend le travail du chant - manifestation d’une assurance retrouvée et d’une affirmation de soi, libérée du regard des autres.


 


 


 

La bonne humeur et la vivacité de Caiti, qui ne se laisse pas abattre par sa dépression, sont irradiantes. Pour laisser libre cours à sa voix sensuelle et à ses chants, l’auteure évite le recours aux musiques extradiégétiques. La solitude du personnage est intelligemment renforcée par les séquences d’animation à la radio où, seule face à son micro, la jeune femme semble parler dans le vide et envoyer une bouteille à la mer. De fait, ces quelques moments poussent le public à s’interroger sur sa place de spectateur, contraint d’écouter et de voir sans pouvoir réponde. Ce questionnement rend ainsi le film plus riche qu’une simple success-story.

Hugo Dervisoglou
Jeune Cinéma n°423, été 2023


Caiti Blues. Réal, sc : Justine Harbonnier ; ph : J.H. & Léna Mill-Reuillard ; mont : Xi Feng & Maxime Faure ; mu : Caiti Lord. Int : Caiti Lord (France-Canada, 2023, 84 mn). Documentaire.



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts