Ce film discret et puissant comme la fleur dont il porte le nom ne manquera pas de marquer les esprits par sa douceur et se ténacité. C’est un film choral tant qu’il met en parallèle plusieurs vies qui se croisent et se complètent, à l’intérieur de Maniwa, une petite ville dans les montagnes au sud du Japon, qui devient le microcosme de nos vies humaines.

C’est d’abord l’histoire de Chang-su, un ancien cavalier olympique de l’équipe de la Corée du Sud, criblé de dettes à la suite de la faillite de l’entreprise de son père, et qui est obligé de travailler dans une carrière. Il vit avec Minami, qui a fui son mari il y a plus de sept ans.

La vie de Chang-su va croiser mystérieusement celle du chef de la police de Maniwa, parti cueillir un plant de l’arbuste en fleurs qui a donné son nom à sa fille, Yamabuki. Celle-ci est révoltée par la société actuelle et passe son temps à l’un des carrefours de la ville pour manifester silencieusement et pacifiquement pour nombre de causes, lointaines mais toutes fort révoltantes.

Un jour, c’est en voulant arracher un plant de corête du Japon (nom chez nous du yamabuki), pour honorer sa fille, qu’il semblerait que son père ait provoqué un éboulement, cause de l’accident de voiture de Chang-su - à moins que ce ne soit plutôt la carrière et ses nombreuses explosions qui aient fragilisé la montagne (il y a parfois des accidents et même des morts à cause des éboulis).

De cette montagne, tombe la manne céleste, l’argent que des gangsters ont dérobé, comme si le malheur des uns faisait le bonheur des autres.
On ne le saura jamais très bien, car le film, à la manière des kakémonos japonais, fonctionne par ellipses et par mystères intrigants, ce qui en fait tout le charme.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°416, été 2022

Yamabuki. Réal, sc : Juichiro Yamasaki ; ph : Kenta Tawara ; mont : Yamasaki Juichiro ; mu : Olivier Deparis. Int : Kilala Inori, Yohta Kawase, Misa Wade (Japon, 2022, 97 mn).