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Fée (la) (2011)
de Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy
publié le dimanche 4 août 2019

par Heike Hurst
Jeune Cinéma n°338-339, juillet 2011

Sélection officielle de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2011

Sortie le mercredi 14 septembre 2011


 


Le burlesque tricoté par l’inimitable trio Gordon-Abel-Romy, livre ici son plus beau fleuron. Les trois ne sont pas seulement auteurs et acteurs, ils sont aussi les scénaristes de cette fable enchantée - en recrutant toutefois un quatrième larron, Phippe Martz, pour l’écriture.


 


 

La Fée propose une vraie histoire, ancrée dans le réel, où un hôtel miteux devient prétexte à des gags existentiels, où se noue l’idylle entre un réceptionniste et une échappée foldingue amoureuse. Mais il y a d’autres personnages que l’on suit tout au long de ce film délicieux, avec ses rebondissements inventifs, son savoir-faire contorsionniste et illusionniste venu tout droit de l’école du cirque. Les numéros deviennent les maillons d’une chaîne essentielle pour tout tenir dans un ensemble très cohérent. Il y a dans les performances des acteurs une vraie prise de risque, y compris athlétique...


 

Ce style inimitable ressemble à celui des plus grands, une touche Jacques Tati, un brin de Buster Keaton, un travail chorégraphique proche des étreintes et des mouvements toujours signifiants des danseurs de chez Pina Bausch et un zeste de quelque chose d’indéfini qui est devenu leur marque de fabrique, qui est maintenant le facteur dominant de leur univers filmique et qu’ils ne doivent qu’à eux-mêmes.


 

Ainsi se construit le merveilleux à partir d’une rencontre improbable, sans oublier la solidarité ouvrière et les clandestins en transit vers l’Angleterre, Le Havre oblige. Les touches d’humour sont toujours du côté de l’humain : le chien interdit d’hôtel deviendra une sacoche qui finira par monter toute seule les escaliers.


 


 

La fée est une vraie fée, la preuve : le scooter finit par rouler pour et par l’essence de la vie. Et le troisième vœu ? Tu as pensé au troisième vœu ? Je ne sais pas, dit imperturbablement Abel à son amour Fiona. Et Bruno Romy, le troisième larron, campe un bistrotier myope renversant de drôlerie. Leur cinéma est ouvert sur l’amour, le bonheur, la générosité et crée ainsi en quantité peu négligeable, un monde vraiment meilleur.

Heike Hurst
Jeune Cinéma n°338-339, juillet 2011


La Fée. Réal, sc : Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy ; ph : Claire Childeric ; mont : Sandrine Deegen ; cost : Claire Dubien. Int : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy, Vladimir Zongo, Destiné M’Bikula Mayemba, Willson Goma, Didier Armbruster, Anaïs Lemarchand, Lenny Martz, Emilie Horcholle, Sandrine Morin,Alexandre Xenakis, Thérèse Fichet, Sarah Bensoussan, Cyril Colmant (Belgique-France 2011, 94 min).



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