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Passion d’Augustine (la) (2015)
de Léa Pool
publié le mercredi 30 mars 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°371-372, février 2016

Sortie le mercredi 30 mars 2016


 


Voici un petit bijou ciselé par Léa Pool, sur un scénario et des dialogues de Marie Vien. Augustine est une bonne sœur, comme on disait alors dans les années soixante au Québec, et sa passion est la musique, une passion tellement forte qu’elle en fera la pierre de base de l’enseignement dans son couvent, où l’on forme les jeunes filles à la musique.


 

L’école est tellement à la hauteur de sa tâche que, paradoxalement, ce sera aussi la raison de sa chute. Le couvent sera vendu au moment où on demande au clergé québécois de se libérer d’une grande partie de ses dogmes, notamment d’enlever le voile, alors que le gouvernement, de son côté, retire peu à peu les subventions aux écoles privées.
Ce film ne présente pas les sœurs comme un ensemble uniforme : elles sont presque toutes progressistes, voire de gauche, surtout Augustine, qui finira d’ailleurs par se défroquer pour devenir la professeur de piano de sa jeune nièce talentueuse.


 


 

Réalisé et écrit par deux femmes, produit par Lyse Lafontaine, féministe mais pas de façon outrancière, La Passion d’Augustine est un film qui traite de la cause des femmes puisqu’il parle du carcan religieux et de l’abandon en un seul jour du voile qui enfermait les religieuses. Mais pas d’appesantissement sur la vie du couvent d’une manière misérabiliste ou dénonciatrice : il y a même des scènes assez cocasses où l’on voit des sœurs voilées de noir faire du patin sur la glace ou organiser une sorte de danse du patin pour lustrer le parquet. Ou encore la rigide professeur de français attachée à cette langue et qui se découvrira peu à peu très attachante.


 


 

Autre sujet important du film, la musique est abordée d’abord de manière réaliste dans son dur apprentissage qui nécessite rigueur et discipline, mais aussi dans les joies et les récompenses qu’elle procure. Les jeunes filles, guidées par sœur Augustine la passionnée, réussiront de grands concours nationaux. "Au départ, confie Léa Pool, j’ai commencé par rencontrer de jeunes comédiennes qui savaient tout juste jouer du piano. Je me disais que cela suffirait, qu’on tricherait un peu. Mais après quelques auditions, je me suis rendu compte que ça allait être tellement difficile et ennuyeux de devoir à chaque fois faire un autre plan sur les mains d’une vraie pianiste. J’ai donc complètement changé de direction et j’ai été chercher dans des écoles de musique. Au finale, aucune des jeunes filles n’est comédienne, mais toutes sont musiciennes".


 

Un travail musical remarquable, servi par la formation de documentariste de la réalisatrice, un premier assistant à la caméra lui-même musicien et une supervision musicale de François Dompierre qui a signé, au Canada et dans le monde, la BO de plus de soixante films. Viva la musica !

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°371-372, février 2016


La Passion d’Augustine. Réal : Léa Pool ; sc : L.P. & Marie Vien ; ph : Daniel Jobin ; mont : Daniel Poisson ; mu : François Dampierre. Int : Céline Bonier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée, Valérie Blais (Canada, 2015, 103 mn).



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