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Chantrapas (2010)
de Otar Iosseliani
publié le samedi 19 décembre 2020

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°331-332, été 2010

Sélection officielle Hors compétition du Festival de Cannes 2010

Sortie le mercredi 22 septembre 2010


 


Joie ! On retrouve le Otar Iosseliani des grandes cuvées, celle des Favoris de la Lune (1984) (1) ou de Et la lumière fut (1989) - et les allusions aux deux titres sont ici perceptibles -, dont on ne trouvait plus que le reflet dans ses récentes réalisations, Jardins en automne (2006) ou Lundi matin (2002), même si récompensées dans divers festivals. (2)


 


 

Le ton décalé, l’ironie, l’incongruité naturelle, tout ce qui faisait le sel de ces titres sans équivalents est présent, à l’état natif. Même si l’auteur s’en défend - Chantrapas commence d’ailleurs par un de ses courts métrages inédit (3) -, il y a une dimension autobiographique dans les aventures de ce jeune réalisateur géorgien interdit dans son pays et qui parvient, après avoir fait passer sous le manteau son film en France, à dénicher un producteur qui l’y fait venir pour tourner.


 


 

Les flashes en forme de souvenirs d’enfance, les ados turbulents, les rapports avec le Parti, une France complètement irréelle et un petit monde de cinéma où s’agitent des pantins savoureux - Pierre Étaix et, non-crédités au générique, Bernard Eisenschitz et Pascal Bonitzer -, tout concourt au plaisir du spectateur, à condition que celui-ci soit connivent avec l’univers du cinéaste, références, citations, humour tendre à tous les étages.


 

Chantrapas - le terme désigne en russe les "bons à rien, les exclus" (4) - est un film à secrets, comme les meubles, et contient nombre de tiroirs cachés à découvrir.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°331-332, été 2010

1. Les Favoris de la Lune,- in Jeune Cinéma n°162, novembre 1984.

2. Lundi matin, in Jeune Cinéma n°274, mars 2002.

3. Le Chant de la fleur introuvable (Sapovnela, 1959).

4. Comme l’explique Otar Iosseliani, le mot vient du français : "Chantera" / "Chantera pas". "À la fin du 19e siècle, toutes les familles aisées de Saint-Pétersbourg amenaient leurs enfants à des maîtres de bel canto italiens pour leur apprendre le chant. À l’époque, l’aristocratie russe parlait français, donc les Italiens avaient appris deux mots, lorsqu’ils sélectionnaient les enfants". Ceux qui ne chantent pas deviennent des bons à rien.


Chantrapas. Réal, sc : Otar Iosseliani ; ph : Julie Grünebaum & Lionel Cousin ; mont : O.I. & Emmanuelle Legendre ; mu : Djordji Balantchivadze ; déc : Emmanuel de Chauvigny ; cost : Anka Kalatozishvili & Maïra Ramedhan Levi. Int : Bogdan Stupka, Dato Tarielashvili, Tamuna Karumidze, Fanny Conin, Givi Sarchimelidze, Bulle Ogier, Pierre Étais, Bernard Eisenschitz, Pascal Bonitzer, Chloé Oliver (France, 2010, 122 mn).



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